11.500 policiers et gendarmes déployés jeudi, dont 4.200 dans la capitale


60.000 à 90.000 manifestants sont attendus à Paris jeudi. Francois BOUCHON / Le Figaro

INFO LE FIGARO – Face à la mécanique de la violence, marquée par une contestation forte et une montée en puissance de la haine «anti-flic», le dispositif va rester musclé.

La routine de la violence programmée s’est installée dans le pays. Défilés qui s’enfoncent dans le chaos en fin de parcours, casses de mobiliers urbains, attaques de commerces et de symboles du capitalisme, affrontements avec les forces de l’ordre… Le même rituel se répète avec plus ou moins d’intensité depuis trois mois à travers le territoire. Ce jeudi, qui marque le 11e épisode de la grogne hostile à la réforme des retraites, ne va pas déroger à la règle.

Pour tenter de contenir la vague, Beauvau va encore sortir les muscles. Selon nos informations, Gérald Darmanin va déployer un dispositif composé de 11.500 policiers et gendarmes, dont 4.200 dans la capitale.

«Les syndicalistes ont pu se reposer et cela va repartir comme en 14»

Au niveau de la mobilisation, cette nouvelle journée de manifestations pourrait ressembler trait pour trait à la précédente du 28 mars dernier qui avait réuni 740.000 personnes en France. Les services de renseignement prévoient entre 600.000 et 800.000 participants sur quelque 370 actions recensées au niveau national. Soit un chiffre élevé qui montre que la contestation ne semble pas s’essouffler. «Les syndicalistes, épuisés par les dernières séquences, ont pu se reposer et cela va repartir comme en 14», souffle un cadre policier. L échec attendu de la tentative de concertation à Matignon, mercredi matin, entre la première ministre Elisabeth Borne et les organisations professionnelles risque même de ragaillardir la fronde.

De «gros volumes», estimés à plus de 10.000 manifestants, sont attendus à Toulouse, Rennes, Nantes, Montpellier, Brest, Bordeaux ou encore Grenoble. La colère qui étreint les «sous-préfectures» et les villes d’envergure plus modeste, un des «marqueurs» depuis le début du mouvement, va se poursuivre à Narbonne, Valence ou encore Lorient où 5.000 personnes sont attendues. Si le front syndical résiste, les analystes du ministère de l’Intérieur sont attentifs à l’effet de souffle que pourrait produire dans la rue la nouvelle secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, qui a fustigé ce mardi matin la «stratégie jusqu’au-boutiste, violente et irresponsable» du gouvernement. Des signes de tensions internes à l’intersyndicale sont aussi observés localement à la loupe, à l’image de la CFDT qui, à Strasbourg, a accusé la section locale de la CGT de complaisance envers les manifestants violents.

«Comme pour les précédents épisodes, tous les secteurs de la fonction publique mais aussi du privé resteront mobilisés ce jeudi», observe une source informée qui précise que «20.000 à 30.000 jeunes devraient rejoindre les cortèges». Soit un engagement analogue à celui du 28 mars dernier. Même si l’exécutif a tiré un trait sur la généralisation du très contesté service national universel (SNU) pour éviter de mettre de l’huile sur le feu, les services de renseignement n’excluent pas un «effet vacances» qui pourrait jeter les lycéens dans la rue. C’est en particulier possible pour les élèves de la zone A qui cessent l’école vendredi dans les académies de Besançon, Bordeaux, Grenoble, Limoges, Lyon et Poitiers.

À travers le pays, policiers et gendarmes assistent à une mécanique qui se joue chaque jour en deux actes. «Le matin, les organisations syndicales, les «gilets jaunes» et la contestation citoyenne lèvent des barrages routiers, occupent des ronds-points et bloquent des centres commerciaux ou des sites industriels», confiait au Figaro le mois dernier un cadre policier. Dans l’après-midi, les casseurs prennent le relais et déclenchent les hostilités dans les agglomérations pour semer le chaos à la nuit tombée. «L’ultra gauche et tous ceux qui veulent en découdre avec les forces de l’ordre, dont les «gilets jaunes» radicalisés, seront au rendez-vous», annonce un responsable policier. Les émeutiers pourraient repasser à l’action dans des «fiefs» de l’ultragauche comme Nantes, Rennes, Dijon, Toulouse et Lyon mais aussi dans de plus petites villes comme le Puy-en-Velay, où le terreau contestataire est très fort.

«Après l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans et les critiques sur le déni de démocratie lié à l’emploi de l’article de 49.3, la contestation contre les forces de l’ordre est le troisième qui monte en puissance», grimace un policier spécialisé. À Paris, où 60.000 à 90.000 manifestants sont attendus entre Invalides et Place d’Italie,les Brigades de répression de l’action violente motorisée (Brav-M), au cœur de la polémique, seront sur leurs gardes. À Nantes, le mot d’ordre «Tous unis contre la police» circule tandis qu’à Rennes, le mouvement «Def co» (défense collective) risque d’être électrisé par la demande de dissolution formulée par Gérald Darmanin. Plus que jamais, l’exécutif redoute un incident grave qui risquerait de rendre le mouvement incontrôlable.



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