à Kairouan, Kaïs Saïed est encore « l’homme de la situation »


Une immense affiche représentant le président tunisien Kaïs Saïed à Kairouan, en juillet 2022.

Responsable bénévole de la campagne présidentielle de Kaïs Saïed dans la petite ville agricole de Haffouz, à 40 kilomètres de Kairouan, au centre de la Tunisie, Raed Kassebi s’installe dans un café attenant à la station-service marquant l’entrée de la localité, après avoir participé à une campagne d’affichage dans les environs.

Ancien militaire, marié et père de trois enfants, une barbe grisonnante accentuant les traits de son visage, M. Kassebi, 38 ans, a pris sa retraite anticipée en 2022, après un accident de travail. Libéré du devoir de réserve imposé par son statut militaire, il peut désormais s’afficher comme partisan de Kaïs Saïed, candidat à sa réélection lors de la présidentielle du 6 octobre.

Le jeune père de famille s’est lui-même présenté aux élections locales de 2023-2024, sans succès. Loin d’être découragé, il consacre à présent son temps libre à la campagne du président Saïed. « Je le soutiens depuis 2019 et encore plus activement depuis que j’ai pris ma retraite. Je n’ai jamais eu un seul regret », précise-t-il avec détermination.

Depuis son virage autoritaire amorcé le 25 juillet 2021, lorsqu’il s’est approprié les pleins pouvoirs après avoir dissous l’Assemblée nationale, le chef de l’Etat semble perdre progressivement le soutien des Tunisiens, pourtant nombreux à avoir salué son « coup de force ». Les dernières élections législatives (2022-2023) et locales (2023-2024) n’ont mobilisé que quelque 11 % de l’électorat.

« Kaïs Saïed tient ses promesses »

La capacité de Kaïs Saïed à mobiliser la population pour la prochaine présidentielle pose question, alors que seuls deux candidats – Zouhair Maghzaoui, ancien député de la gauche panarabe, et Ayachi Zammel, chef d’un petit parti libéral, envoyé en prison pour falsification de parrainages – ont été autorisés à se présenter face à lui lors du scrutin du 6 octobre.

A Kairouan, l’un des gouvernorats les plus pauvres de Tunisie, avec plus d’un tiers de sa population vivant sous le seuil de pauvreté selon les chiffres de l’Institut national de la statistique (INS), la popularité du chef de l’Etat semble néanmoins se maintenir.

Des localités comme Haffouz, Oueslatia et El Alaa, habituellement citées par les médias pour des faits divers tragiques, tels que des immolations par le feu, des suicides d’enfants ou des féminicides, ont enregistré des taux de participation avoisinant les 20 % aux dernières législatives – soit un peu plus que la moyenne nationale – malgré le boycott de partis d’opposition et une abstention récurrente lors des scrutins précédents.

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