« A la critique morale des fêtes de Noël s’ajoute désormais la critique écologique de la consommation à outrance »


Le 24 décembre 1951, les enfants des patronages catholiques de Dijon furent conviés à l’exécution publique du Père Noël devant la cathédrale de la ville, provoquant une polémique dans toute la France. Ce n’est pas tant la commercialisation de Noël qui provoquait l’ire des autorités ecclésiastiques que le paganisme du personnage qui, plus que l’enfant Jésus, en était venu à le symboliser. Quelques mois après, Claude Lévi-Strauss publia, dans Les Temps modernes, un article célèbre dans lequel il remettait la fête de Noël en perspective historique et anthropologique. Il y rappelait l’ancienneté des racines païennes comme chrétiennes de cette fête, le syncrétisme d’éléments remontant à la Rome ancienne, aux fêtes scandinaves ou au Moyen Age européen. Il y analysait Noël comme un rite initiatique révélateur des rapports entre générations et de l’attitude envers la mort.

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Sept décennies plus tard, la victoire du Père Noël est consommée. Les fâcheux soulignent toujours que la fête chrétienne est supplantée par la victoire de la consommation à outrance, célébrée, qui plus est, désormais dans le monde entier, tandis que d’autres se félicitent que les budgets des ménages consacrés aux fêtes ou aux cadeaux ne diminuent pas. Illuminations des rues, promotions dans les commerces, masses de cadeaux jamais utilisés, reventes en ligne de certains dès le lendemain : tout semble résumer un monde dont l’objectif premier est de consommer toujours plus de biens matériels. A la critique religieuse ou morale s’ajoute désormais la critique écologique de cette consommation à outrance.

Des pratiques se diffusent qui montrent la voie d’une pratique nouvelle plus compatible avec le développement durable, mais aussi peut-être plus conviviale et joyeuse. De même que les salariés revendiquent de plus en plus un travail qu’ils jugent porteur de sens, les transformations de la consommation nous informent sur celle des mentalités, particulièrement observable chez les jeunes.

Sincérité et exemplarité

Certes, les cadeaux offerts restent le plus souvent des objets, mais la recherche de la qualité, voire de l’origine française ou naturelle, se substitue à la simple accumulation. Le recours à la seconde main se développe, pour des raisons économiques, mais aussi environnementales ou esthétiques. De même, la diffusion de pratiques telles que le cadeau unique, produit personnellement ou choisi parmi ses propres biens relève d’une recherche de sobriété, mais aussi d’un souci de renforcer la relation entre donneur et receveur, puisque la pertinence du choix et le temps qui lui est consacré deviennent les critères principaux de la qualité du don.

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