A l’Assemblée nationale, une niche RN destinée à piéger les adversaires


Marine Le Pen, présidente du groupe Rassemblement national (RN) à l’Assemblée nationale, à Beaucaire (Gard), le 16 septembre 2023, lors des estivales 2023 du RN.

Après la photocopieuse, le Rassemblement national (RN) sort le sécateur. Pour la deuxième « niche parlementaire » de son histoire, le parti d’extrême droite aimerait entailler le cordon sanitaire qui rend presque impossible l’adoption de ses textes ou amendements à l’Assemblée nationale. En janvier, lors de sa première niche depuis son arrivée massive au Palais-Bourbon, le RN s’était fortement inspiré de propositions de loi déposées par d’autres groupes parlementaires. Pour celle programmée le 12 octobre, il a puisé dans son programme présidentiel des propositions susceptibles d’embarrasser une nouvelle fois la gauche, la majorité et Les Républicains (LR).

La tonalité générale de la niche, exposée dans Le Figaro et présentée mardi 19 septembre à l’Assemblée, rappelle l’ancrage du RN à l’extrême droite de l’échiquier politique : une offensive sur les droits des parents de mineurs délinquants, une autre contre l’écriture inclusive, une dernière contre les mineurs étrangers, pour qui les tests osseux deviendraient automatiques en cas de doute raisonnable. D’autres textes pourraient susciter une adhésion de la gauche, telle la résolution en faveur de l’asile politique du fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, la suppression de l’accès régulé à l’électricité nucléaire historique (pour les fournisseurs alternatifs, Arenh) et le rétablissement d’un tarif réglementé du gaz. Une autre proposition, qui sera présentée en premier, semble très consensuelle : la reconnaissance de l’endométriose comme affection de longue durée (ALD), et des femmes qui en sont victimes comme travailleuses handicapées.

Toutefois, sur tous les bancs hormis ceux des élus LR, on maintient le cap fixé en début de législature : aucun accord possible avec un texte déposé par l’extrême droite. En janvier, quelques députés LR avaient apporté leur soutien à la suppression des zones à faible émission ou le port de l’uniforme à l’école, soumis par le RN. Rien de plus. Au sein du groupe parlementaire LR, on affirme que le fait de voter des propositions de droite émanant du RN ne pose pas de problème de principe. Les Républicains devraient d’ailleurs voter l’interdiction de l’écriture inclusive et possiblement la suspension des allocations sociales pour les parents de mineurs délinquants. Sans grand enthousiasme, laisse-t-on entendre chez LR, où l’on n’est pas dupe des manœuvres du Rassemblement national.

Nœuds dans le cerveau

L’embarras est plus perceptible au sein de la majorité. « La niche RN est l’une des plus piégeuses, convient Sylvain Maillard, président du groupe Renaissance. On est en train de regarder texte par texte, puis nous ferons des amendements qui correspondent à notre vision de la société. » La majorité est tentée de retravailler les propositions sur l’écriture inclusive ou l’endométriose, avec lesquelles elle se dit d’accord sur le principe, mais pour lesquelles elle anticipe un problème de rédaction ou de financement.

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