à Lille, Gabriel Attal défend le projet du gouvernement face aux citoyens



Le gouvernement « est-il sourd » ? « Comment réduire le chômage des seniors ? » : les questions au ministre des comptes publics Gabriel Attal ne manquent pas dans cette assemblée hétéroclite composée d’une cinquantaine de jeunes, d’actifs et de retraités.

« Quel est le projet de société qui va avec ?»

Ces habitants de la 9e circonscription du Nord étaient réunis mercredi 1er février dans une salle flambant neuve du lycée Frédéric-Ozanam, à Lille, à l’invitation de leur députée Violette Spillebout, porte-parole du groupe des députés Renaissance à l’Assemblée nationale.

Certains sont plutôt favorables à cette réforme mais ont encore des interrogations, d’autres y sont fermement opposés. « On parle surtout de travailler plus plutôt que de travailler autrement, ce qui est vraiment dommage », déplore Olivier, sexagénaire qui a rejoint La République en marche en 2016. À côté de lui, un autre Olivier, 42 ans, exprime son scepticisme : « On a vécu les gilets jaunes et le Covid, on attend de l’État qu’il nous propose un projet de société désirable. Or, on n’entend que le volet économique de cette réforme : quel est le projet de société qui va avec ? »

La der des der ?

« Cette réforme nous permet de financer un système dont on ne veut pas se séparer », répond Gabriel Attal, convenant en même temps que les Français veulent « travailler autrement » et citant l’expérimentation menée dans les services de son ministère pour « travailler 35 heures sur quatre jours ».

Un médecin généraliste évoque le cas des professions libérales et des indépendants, un autre actif la manière dont sont prises en compte les carrières travaillées en partie à l’étranger, et une lycéenne demande si elle doit se sentir concernée par cette réforme… « Évidemment, je ne vous dirai pas qu’il s’agit de la “der des der” et qu’il n’y en aura pas d’autres avant votre retraite », sourit le ministre.

Plusieurs participants s’inquiètent de l’emploi des seniors, notamment Fabienne, DRH de 57 ans. On évoque des pistes, la formation professionnelle, des aides pour embaucher les seniors, l’index senior… Le bénévolat aussi : « Que feront les associations sans les bénévoles retraités ? », questionne Pascal, 64 ans.

Un débat courtois

Le ministre n’élude aucune question. Un participant confie son inquiétude de voir les corps intermédiaires trop ignorés. « Nous avons retenu des suggestions des syndicats mais nous avons un désaccord de fond puisqu’ils refusent la ligne de travailler plus longtemps », argue le ministre.

Des jeunes, membres de l’association « Les engagés », l’interpellent : « Allez-vous entendre la voix de tous ces Français qui hurlent et qui disent non à cette réforme ? »« Ça ne me fait pas plaisir de présenter un projet avec une opposition importante, rétorque l’ancien porte-parole de LREM. Je ne me suis pas engagé en politique pour être sourd et rester planqué dans mon bureau sinon je ne serais pas là ce soir. Mais l’enjeu clé de cette réforme, c’est la juste répartition de l’effort. Et je pense qu’elle est un horizon désirable. »

Une heure et demie plus tard, la soirée se termine : le débat est resté courtois, les participants ont pu exprimer leurs préoccupations. Certains repartent avec des explications ou des précisions éclairantes, d’autres restent sur leur faim. « On va donner deux ans de plus et en retour qu’est-ce qu’on va avoir, nous ? La réponse à cette question, je ne l’ai pas eue ce soir », regrette Olivier, le quadragénaire.



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