À Medjugorje, le « feu vert » prudent du Vatican accueilli avec enthousiasme
Italiens, Français, Polonais, mais aussi Libanais, Irlandais et Sud-Américains. Sur le parvis de l’église Saint-Jacques de Medjugorje, les pèlerins viennent du monde entier. Depuis 1981, lorsque six enfants racontent avoir eu une vision de la Vierge, cette bourgade de 2 300 habitants, dans le sud de la Bosnie-Herzégovine, est devenue un lieu de dévotion connu dans le monde entier.
Depuis 43 ans, et alors que trois voyants présumés disent encore aujourd’hui continuer à recevoir chaque jour sa visite, Medjugorje a attiré un nombre toujours croissant de fidèles. Pourtant, pendant longtemps, sa popularité ne s’est pas accompagnée d’une reconnaissance officielle par l’Église catholique. Il a fallu attendre le 19 septembre 2024 pour que le Vatican donne son « nihil obstat » (littéralement : « rien ne s’y oppose »). Dans une note, le Vatican a autorisé « à adhérer de manière prudente » aux messages de Medjugorje, reconnaissant la validité de l’expérience spirituelle vécue par les pèlerins, sans toutefois se prononcer sur la réalité des visions.
« Un encouragement positif »
« Je suis très heureuse, car, même s’il n’y a pas de reconnaissance du caractère surnaturel des apparitions, le nihil obstat est ce que l’on pouvait espérer de mieux », affirme une pèlerine française venue « prier pour la paix » et « se ressourcer ». Nicola, un lycéen de Vérone (Italie), est du même avis. « Peut-être que de nombreuses personnes ont hésité à venir ici, et maintenant cela peut les aider à se décider en faveur de Medjugorje », explique le jeune Italien, venu en bus avec un groupe d’amis.
Si la paroisse de Medjugorje a préféré ne pas commenter la décision du Vatican, l’évêque de Mostar Mgr Petar Palić a, lui, organisé une conférence de presse. « Les croyants peuvent recevoir un encouragement positif pour leur vie chrétienne à travers cette proposition spirituelle », a-t-il notamment affirmé Mgr Palić, tout en précisant que « Medjugorje n’a pas reçu le statut de sanctuaire et demeure donc une paroisse du diocèse de Mostar-Duvno » et que « les fidèles ne sont pas obligés de croire aux apparitions surnaturelles ».
Même si le feu vert du Vatican est soumis à conditions, dans la petite ville de Bosnie-Herzégovine la satisfaction est évidente. Après avoir travaillé pendant des années comme guide avec des groupes de pèlerins, Andrijana a trouvé un emploi dans une grande boutique de souvenirs à deux pas de l’église Saint-Jacques. « L’Église est comme ça », dit Andrijana, « elle ne prendra peut-être jamais la décision que nous pensons être la bonne. Tout doit être bien vérifié, c’est leur tâche et ils s’en acquittent avec soin. Mais finalement, je pense qu’il n’y a rien de négatif dans la décision du Vatican ».
Aux visiteurs qui se rendent à Medjugorje, elle suggère de « faire attention à la raison pour laquelle ils viennent ici ». « Ceux qui choisissent un circuit touristique risquent de rentrer chez eux sans expérience spirituelle. Il faut au contraire suivre l’itinéraire religieux, en commençant par les trois lieux les plus importants : l’église Saint-Jacques, la Colline des apparitions et le Križevac, ou mont de la Croix ».
Vers davantage de pèlerinages
Au fil des ans, l’offre touristique s’est beaucoup développée à Medjugorje et dans ses environs. Juste à l’extérieur de la ville, Herceg Etno Selo est un grand complexe hôtelier ouvert en 2008 et où travaillent aujourd’hui environ 40 personnes. Neuf clients sur dix sont des pèlerins, qui trouvent dans ce « village » de six hectares des restaurants, des bars, des salles de conférence, des piscines et même un amphithéâtre pour des spectacles.
À la suite du document du Vatican, le directeur du complexe, Branimir Penava, s’attend « à une approche plus sérieuse et plus professionnelle à Medjugorje en tant que lieu de pèlerinage ». En d’autres termes, « les grandes agences spécialisées, qui s’occupent des pèlerinages et des voyages organisés à Lourdes ou à Fatima, pourront désormais opérer ici de la même manière », explique-t-il. Jusqu’à présent, poursuit le directeur, la plupart des clients étaient des particuliers ou des agences non spécialisées. Le flux de visiteurs et de pèlerins pourrait encore augmenter à l’avenir. Selon les données publiées par la paroisse, 1,7 million d’hosties ont été distribuées aux fidèles en 2023.