A quel l’âge nos ancêtres sont-ils devenus parents ? Des généticiens nous mettent sur la piste


A quel âge nos ancêtres devenaient-ils parents au cours des 250 000 dernières années ? La question pouvait sembler hors de portée de l’analyse scientifique. Des généticiens américains ont pourtant relevé le défi et publié leurs résultats dans la revue Science Advances du 6 janvier. Connaître la période moyenne qui a séparé deux générations successives (l’âge parental) est important. « Ce temps générationnel permet de dater les changements génétiques de notre espèce, c’est le carbone 14 des archéologues », relève Etienne Patin, chercheur du CNRS à l’Institut Pasteur, à Paris.

Voici comment les généticiens procèdent habituellement. Ils comparent le génome des diverses populations actuelles pour y trouver des mutations – des lettres de l’ADN qui diffèrent entre individus. A chaque génération, ces mutations s’accumulent : elles se retrouvent chez les humains modernes, dont le génome est un manuscrit de l’histoire de notre espèce.

En déchiffrant ce manuscrit, les chercheurs parviennent à calculer l’âge auquel chaque mutation est apparue dans l’ADN de nos ancêtres. Comment ? En examinant les séquences d’ADN qui l’entourent. « Plus on observe d’événements de recombinaison [des échanges de fragments d’ADN] autour d’une mutation donnée, plus celle-ci est ancienn», explique Lluis Quintana-Murci, professeur au Collège de France et à l’Institut Pasteur. Mais l’âge d’une mutation est exprimé en « nombre de générations », qu’il faut convertir en années. Comment ? En le multipliant par le fameux temps générationnel.

Les généticiens des populations ont ainsi estimé que la dernière sortie d’Afrique des Homo sapiens ayant peuplé le reste du monde remonte à 2 700 générations. En multipliant ce nombre par 28, la valeur moyenne jusque-là estimée du temps générationnel de nos ancêtres, ils ont daté cette sortie d’Afrique à 75 000 ans.

L’écart d’âge entre père et mère s’est réduit

Cette estimation reposait cependant sur des mesures réalisées dans des sociétés contemporaines de chasseurs-cueilleurs et dans la société postindustrielle des deux derniers siècles. « On restait dans le flou », affirme Etienne Patin. Que montre la nouvelle étude dans Science Advances ? Au cours des 250 000 dernières années, l’âge parental moyen a été de 26,9 ans, tous sexes confondus. Jusqu’ici, pas de surprise. La suite est plus inattendue : « La variabilité du temps de génération provient essentiellement des hommes. Le temps de génération moyen des femmes, lui, est resté relativement stable », précise le coordinateur de l’étude, Richard Wang, de l’université de l’Indiana (Etats-Unis).

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