A Saint-Nazaire, une saisie de drogue par les douanes précipite une opération de la police judiciaire


En arrivant devant des locaux anonymes situés à deux pas du port de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), les braqueurs se sont demandé pourquoi la balise qui équipait le conteneur de cocaïne qu’ils étaient chargés de récupérer « bipait » à cet endroit. Ils ignoraient que les près de cinq cents kilos de drogue, à peine débarqués d’un navire en provenance de Martinique, venaient d’être saisis par les services douaniers et se trouvaient désormais en lieu sûr, à l’abri d’un bâtiment de l’administration.

La présence inopinée d’inconnus dans le secteur, et l’annonce de la saisie par les douaniers, a en revanche alerté la police judiciaire de Lille, aux trousses de cette équipe rodée depuis près de dix-huit mois après avoir constaté plusieurs faits au mode opératoire identique : des semi-remorques, chargés de conteneurs débarqués de navires et renfermant de la drogue à l’insu du transporteur, étaient attaqués par de faux policiers puis délestés de la cargaison convoitée. Cette fois, la marchandise était « traquée » par des « airtags », des boîtiers électroniques de la dimension d’une grosse de pièce de monnaie, attachées à des objets pour les géolocaliser en cas de perte. Dissimulés à l’intérieur du conteneur mais aussi sur certains paquets de cocaïne, ils devaient mener les braqueurs jusqu’au camion de transport. Mais le « contrôle inopiné » de la douane les en a empêchés.

Lundi 15 et mardi 16 mai, les policiers lillois et leurs collègues de l’antenne locale de l’Office antistupéfiants (Ofast), associés aux enquêteurs de la direction de l’Ofast, ont donc dû bousculer leur planning et interpeller en urgence quatre individus, dont deux sur place, à Saint-Nazaire, et deux dans les Hauts-de-Seine. Des perquisitions réalisées par les policiers à Orléans, à Lille et en région parisienne, ont d’ores et révélé un impressionnant attirail : armes, brouilleurs de communication électroniques, tenues de la police siglées, brassards, perceuses et disqueuses, gyrophares, fausses plaques d’immatriculation prêtes à être fixées sur des véhicules… « Un outillage complet, très professionnel, pour une équipe de multirécidivistes extrêmement prudente et organisée », assure une source policière.

Méthode pas toujours payante

La technique du « braquage de camion » n’est pas inédite. Dans l’ouest de la France, notamment, plusieurs précédents ont démontré la stratégie mise en œuvre par d’importants trafiquants de stupéfiants, qui estiment trop coûteuse la corruption de dockers et trop incertaine celle de sociétés spécialisées dans le transport. Mais cette méthode, qui exige audace et rapidité d’exécution ainsi qu’une bonne dose de détermination, ne se révèle pas toujours payante.

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