à San Siro, « on est chez nous, avec des gens qui sont contre nous »


Vue générale du stade San Siro avant le match  Inter Milan-AC Milan, à Milan (Italie), le 5 février 2023.

Son visage est tourné vers le ciel, comme si la Madonnina ne voulait pas voir ce qui se tramait à ses pieds. Comme si cette statue de la Vierge, qui trône sur la plus haute flèche du dôme de Milan, savait ses ouailles divisées. Mercredi 10 mai à 21 heures, dans un derby qui porte son nom, les rossoneri (rouge et noir) de l’AC Milan affrontent les nerazzurri (noir et bleu) de l’Inter Milan en demi-finale aller de la Ligue des champions.

L’affiche est l’une des plus emblématiques du Calcio, le championnat italien, mais cela faisait près de vingt ans que les frères ennemis n’avaient pas croisé le fer dans la compétition reine du football européen. Avec, en prime, une place en jeu pour disputer le titre, le 10 juin, à Istanbul (Turquie) : « Milan sera on fire [“en feu”] ! », prédisait l’attaquant français de l’AC Milan, Olivier Giroud, fin avril.

Le chef-lieu de Lombardie n’est pas Naples, son homologue de Campanie. Dans les rues de « la ville aux 500 coupoles », impossible d’échapper aux hommages au club local, le Napoli. Ici, la ferveur se fait plus discrète. Comme celle de ce trentenaire, qui doit son allégeance à l’AC Milan aux exploits de Paolo Maldini, l’homme d’un seul club en vingt-cinq ans de carrière (1985-2009), avec lequel il a remporté cinq Ligue des champions et sept Scudetti (« titre de champion d’Italie »). « Je suis vraiment très heureux, mais je ne souhaite pas en parler », balaie-t-il poliment. Pourquoi ? « Question de superstition. »

« Entre le nord et le sud de l’Italie, il y a une façon différente de vivre le football, mais Milan reste une ville très passionnée, fait valoir Benoît Cauet, numéro 15 de l’Inter de 1997 à 2001 et élu meilleur joueur du club par les supporteurs en 1999. Il y a beaucoup d’émotions avant un derby. Ce sont des rencontres souvent serrées. Avant le coup d’envoi, tous les pronostics tiennent. »

« A fortiori quand c’est un match de Ligue des champions », abonde Vikash Dhorasoo. Lui portait les couleurs des Rossoneri, en 2004-2005, lorsque les deux équipes se sont retrouvées en quarts de finale de la compétition. Blessé, il n’était pas sur la pelouse lors de la double confrontation, mais il se souvient de « l’ambiance électrique » qui avait gagné le stade.

Une ville, deux clubs, un stade

Car, dans la capitale économique du pays, la fièvre des tifosi s’exprime surtout dans un lieu, entré dans la légende du ballon rond : San Siro, devenu Giuseppe Meazza en 1980. Les Rossoneri lui préfèrent son nom de baptême, associé au quartier où il est installé ; les Nerazzurri, son appellation officielle. Mais, depuis plus de soixante-quinze ans, les deux formations partagent le même stade. Une situation inédite au sommet de l’Europe.

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