A travers les lycées professionnels, Emmanuel Macron tente de parler à la France des villes moyennes


Emmanuel Macron rencontre les élèves du lycée professionnel Bernard-Palissy à Saintes (Charente-Maritime), le 4 mai 2023.

Redonner « fierté » et perspectives à la France qui travaille jeune, et qui trop souvent décroche. Dans le gymnase d’un lycée professionnel de Saintes (Charente-Maritime), jeudi 4 mai, Emmanuel Macron s’exprime devant une centaine de jeunes assis en cercle autour de lui. Ces élèves de 17 ou 18 ans qui réalisent des porte-caténaires ou des essieux ont « toutes les raisons d’être fiers d’être là ». « C’est le système lui-même qui est aujourd’hui mal fichu », assène le président de la République. Certains opinent du chef, attentifs, en filmant avec leur smartphone Emmanuel Macron qui détaille sa réforme du lycée professionnel. Ceci n’est pas une « réforme », lance-t-il, c’est une « cause nationale » qui touche un lycéen sur trois.

Un milliard d’euros supplémentaire par an sera consacré à cette jeunesse qui n’accède pas aux métropoles et aux grandes écoles, mais incitée à croire que « le lycée près de chez soi peut mener loin ». « Une vraie réponse à la fracture des territoires et des destins dans laquelle certains voudraient nous enfermer », revendique le chef de l’Etat qui a subi la crise des « gilets jaunes » et affronté Marine Le Pen lors des deux précédentes présidentielles.

Emmanuel Macron s’est adressé aux catégories qui votent ou prêtent l’oreille à sa rivale d’extrême droite, et qu’elle dépeint, sous le vocable de « France des BTS », en premières victimes de la récente réforme des retraites. « La France que vous allez pénaliser, c’est la France des BTS et des bacs professionnels », cinglait Jordan Bardella en janvier, en l’opposant à celle des bac + 5 qui vont « se balader pendant deux ans à Singapour ».

Alors que les cortèges syndicaux défilaient lundi 1er mai, Marine Le Pen a étrillé la politique d’Emmanuel Macron comme un « projet de dépossession et de déconstruction ». Une diatribe suivie de près à l’Elysée, où un conseiller brosse le tableau lyrique d’un « président pèlerin [qui] retourne évangéliser les Français, comme après la crise des “gilets jaunes”, pour renouer avec les racines du pays et répondre au sentiment de dépossession ».

Un tiers des élèves décroche

Emmanuel Macron n’a pas quitté l’enceinte du lycée Bernard-Palissy, jeudi. Lui qui déplorait un « déni de réalité » face à la réforme des retraites a cette fois « [ouvert] un peu le capot » et égrené des chiffres « cruels ». Sur 100 élèves en lycée professionnel, un tiers décroche sans diplôme, un gros tiers intègrent la vie active avec un bac pro (mais 23 restent au chômage), un petit tiers poursuivent des études supérieures (que presque la moitié d’entre eux ne réussiront pas). A chaque étape, le décrochage menace, martèle Emmanuel Macron, qui considère que l’école ne peut être un sanctuaire à l’abri des logiques du marché.

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