Arnaud Rousseau, un agro-industriel à la tête du syndicat agricole


Arnaud Rousseau, à l’Espace Mayenne, à Laval, le 13 octobre 2022.

Il y a des élections sans suspense. Celle du nouveau président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) en est une parfaite illustration. Arnaud Rousseau, 49 ans, devrait prendre le fauteuil laissé libre par Christiane Lambert, mercredi 30 mars, à l’issue du congrès organisé à Angers. Sans rival, il est vrai. Comme une évidence. Il faudra toutefois qu’il patiente jusqu’au 13 avril pour que son mandat commence officiellement, après le vote formel des membres du conseil d’administration, chargés d’élire le bureau et son président.

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Paradoxalement, personne ne voit M. Rousseau comme le successeur de Mme Lambert, éleveuse de porcs dans le Maine-et-Loire, qui a incarné la FNSEA pendant six ans. Tous évoquent immanquablement la filiation avec le prédécesseur de cette dernière, Xavier Beulin, décédé brutalement le 19 février 2017.

Les points communs entre les deux hommes ne manquent pas, en effet, pour étayer la comparaison. Tous deux peuvent se définir comme des céréaliers. Ou, selon les termes consacrés, des producteurs de grandes cultures. M. Rousseau cultive ainsi colza, blé, tournesol, betterave, maïs, orge et légumes de plein champ. Tous deux ont occupé les mêmes postes. M. Rousseau ayant mis consciencieusement ses pas dans ceux de M. Beulin, figure de l’agrobusiness.

Il est d’abord adoubé président de la Fédération française des producteurs d’oléagineux et de protéagineux par son mentor. Celui-ci décède à peine deux semaines plus tard. Le destin propulse alors M. Rousseau, la même année, à la présidence de Groupe Avril, laissée vacante. Ce bras armé de la filière colza et tournesol en France, créé en 1983, est devenue une puissante firme agro-industrielle présente dans les huiles, les agrocarburants, la nutrition animale et la chimie. Peu connue du grand public, si ce n’est par ses marques Lesieur et Puget, elle affichait, en 2021, un chiffre d’affaires de 6,9 milliards d’euros.

L’homme se voit d’abord comme un chef d’entreprise

Là s’arrête la comparaison. Si la prise de pouvoir de M. Rousseau à la tête de la FNSEA a un petit goût de retour vers le passé, elle a aussi une forte coloration de grand bond en avant. Le nouvel homme fort du syndicat agricole n’est pas, comme son mentor, un self-made-man, contraint de reprendre l’exploitation familiale située en province, dans le Loiret, en arrêtant ses études. M. Rousseau, diplômé de l’European Business School, a pris le temps de quelques expériences professionnelles à Paris, avant de s’installer dans l’exploitation familiale, à Trocy-en-Multien, en Seine-et-Marne, à 28 ans. Lui qui n’avait guère le goût des études agricoles a toutefois dû passer un brevet professionnel adulte, comme la loi l’y oblige.

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