au Bénin, la fête du vodoun devient un festival mondial

Ne leur parlez plus de poupées vaudou, ou ils vont vraiment finir par vous ensorceler. «C’est une invention d’Hollywood, ça n’existe pas !», s’entend-on répéter invariablement, y compris lorsque l’on ne pose même pas la question. D’ailleurs, le mot «vaudou» n’a pas cours ici : en langue fon, ce culte traditionnel des peuples de l’ancien royaume d’Abomey s’appelle «vodoun» – mais la francisation du mot en «vaudou» reste employée aux Antilles. Et loin de la légende noire qu’en a fait le cinéma d’épouvante, ses adeptes se défendent de toute sorcellerie : le vodoun n’est pas une pratique occulte mais une religion.

À la veille du 10 janvier, le pays se prépare justement à célébrer le vodoun en un jour faste, et férié. L’église, le temps de quelques heures, s’installera au milieu du village : ce culte domestique reclus d’ordinaire dans l’intimité cryptique des couvents et des temples sera demain livré à l’exhibition carnavalesque, et tandis que rois et prêtres paraderont dans leurs costumes de cérémonie en d’interminables cortèges, la musique et les danses se substitueront un moment aux consultations discrètes et aux sacrifices privés.

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Nous nous rendons au royaume d’Allada où déjà les flûtes somba, les tchangot tche et les djembés ont entonné leur cadence endiablée. La fête du vodoun commence ici dès la veille du grand jour, le temps d’une liturgie préliminaire qui vise à invoquer la faveur des divinités pour s’assurer du bon déroulement des festivités. Car s’il n’est pas cette résurgence anachronique de la sorcellerie tribale africaine que l’on s’imagine parfois, le culte vodoun n’est cependant pas bienveillant par nature : ceux qui savent invoquer les divinités savent aussi qu’elles peuvent être employées pour faire le bien comme le mal, selon l’intention de celui qui les commande. Les prières du Royaume d’Allada sont des bénédictions : pourvu que demain, nul ne s’emploie à réclamer aux vodoun la vengeance ou la guerre.

Parvenus aux portes du palais royal, déjà la fumée des sacrifices se mêle à…