Au Brésil, le boom des clubs de tir après la libéralisation de la vente d’armes à feu


Un employé prépare l’armement pour l’entraînement d’un client dans un club de tir à Sao Paulo, au Brésil, mardi 25 octobre 2022.

Bras tendus, oreilles couvertes par un casque antibruit et yeux plissés derrière ses lunettes antichocs, Samira Sousa, 44 ans, s’apprête à appuyer sur la détente d’un Taurus 9 millimètres. Le projectile perfore le cœur de la silhouette humaine dessinée sur une cible en papier, à 16 mètres de distance. « Bravo !, la félicite Charles Santos, le moniteur de tir, en uniforme rouge, balayant du pied les cartouches de balles éparpillées au sol. Vous n’avez même plus besoin de professeur. » A gauche de Samira, son mari, Tiago, s’en sort moins bien. Gêné, il replie sa cible pour dissimuler sa piètre performance.

Le couple fait partie des nouveaux élèves de Firegun, un centre de tir sportif inauguré en septembre 2022 dans un quartier résidentiel de Sao Bernardo do Campo, en banlieue de Sao Paulo. « Je voulais apprendre à défendre ma maison, le Brésil est très dangereux », explique Samira, qui s’entraîne avec son mari trois fois par mois dans ce club, ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept. La coach sportive, qui a récemment acheté une arme, a tiré pour la première fois il y a un peu plus d’un an. « Au début, je tremblais, se souvient-elle. Puis, au fil des entraînements, j’ai fini par y prendre goût. Ça fait du bien, ça déstresse. »

Avant la présidence de Jair Bolsonaro (2019-2022), la pratique du tir était surtout réservée aux policiers, aux militaires, aux chasseurs et aux athlètes. Mais, à la suite de la libéralisation de l’acquisition et du port d’armes à feu par l’ancien président d’extrême droite, cette activité a explosé. Selon les statistiques de l’armée, entre 2019 et 2022, 1 493 nouveaux clubs de tir sportif ont ouvert leurs portes : en moyenne, plus d’un club par jour. Un chiffre plus de trois fois supérieur à la moyenne des quatre années précédentes.

Désormais, le tir sportif attire un public plus large. « Dimanche, nous avons donné cours à une dame de 70 ans ! », se félicite Rafael Navaes, le coordinateur du club, qui dispose de deux pistes de tir et compte près de 500 membres. Aujourd’hui, tirer avec une arme à feu, « c’est comme aller à la salle de sport », affirme cet ancien policier à la barbe épaisse et aux mains recouvertes de tatouages.

« C’est comme aller à la messe »

Selon Rafael Navaes, la clé du succès de Firegun repose, comme dans d’autres clubs, sur son « ambiance familiale ». Auparavant, « les clubs étaient obscurs, souvent aménagés dans des sous-sols. La structure de ce club a été pensée de haut en bas pour notre clientèle ». Derrière la petite piste de trois lignes de tir, où Tiago et Samira s’entraînent, le club a installé une salle « VIP » avec un canapé gris et une télévision où leur fils, Ravi, 1 an et demi, patiente en pyjama devant un dessin animé. Entre deux salves de tirs, Tiago se retourne pour lui faire un signe de la main à travers la vitre. Le petit blond aux yeux bleus est hilare.

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