Au Maroc, les groupes Carrefour et McDonald’s ciblés par un boycott sur fond de guerre à Gaza


Aux terrasses des cafés, les curieux se sont levés pour observer la scène, tandis que les passants intrigués marquaient une pause. Dimanche 19 novembre, en fin d’après-midi, le boulevard Abdelmoumen, au centre de Casablanca, fut le théâtre d’un étrange face-à-face. D’un côté, une centaine de personnes, regroupées sur un trottoir. Majoritairement des jeunes et des femmes, portant keffieh et écharpe aux couleurs du drapeau palestinien. De l’autre, séparé par une ligne de tramway, un déploiement de policiers en uniforme et en civil.
Sous l’œil des forces de l’ordre, les manifestants réclamaient « la fin des relations avec Israël » et, fait nouveau, appelaient au boycott de Carrefour, déjà ciblé par ce type d’action par le passé. Les tracts, distribués à proximité d’un point de vente de l’enseigne, barraient d’une croix le logo bleu et rouge du groupe français. « Carrefour a fait don de milliers de colis alimentaires aux soldats de l’armée d’occupation, à un moment où les habitants de Gaza sont soumis à des bombardements et à un siège étouffant », dénonce Kawtar Dazine, membre de l’antenne marocaine du mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS), à l’origine de la manifestation.
Depuis le déclenchement des opérations militaires israéliennes à Gaza, consécutives à l’attaque par le Hamas le 7 octobre qui a fait environ 1 200 morts en Israël selon le dernier bilan officiel, un large mouvement de protestation agite le Maroc. Des marches de soutien aux Palestiniens ont lieu chaque semaine dans plusieurs villes du pays, appuyées par une campagne nationale de boycott. Celle-ci touche non seulement Carrefour, dont les marques sont exploitées au Maroc par le groupe LabelVie, mais également un autre géant, pour la première fois dans le viseur du BDS : McDonald’s, numéro un de la restauration rapide dans le royaume.
« Rumeurs infondées »
Au sein de ces deux entreprises, qui n’ont pas répondu à nos sollicitations, l’embarras est réel. Et la discrétion des premiers jours a cédé la place, pour l’une d’elles, à une véritable communication de crise. Dès octobre, McDonald’s a réagi par voie de presse pour démentir l’existence présumée de versements financiers à Israël. Dans un long communiqué, publié sur des sites d’information et jusqu’au très officiel quotidien Le Matin, l’enseigne a réfuté des « rumeurs fausses et infondées ». Elle assure que « les royalties que la société marocaine First Rest International, franchisé de McDonald’s au Maroc, paie à McDonald’s International ne servent en aucun cas à soutenir un quelconque gouvernement ou une quelconque cause politique ».
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