Au Royaume-Uni, Rishi Sunak tente de se relancer face à la crise sociale


Lepremier ministre britannique, Rishi Sunak, prononce son premier discours de politique générale à Londres, le 4 janvier 2023.

Pour son grand discours de rentrée, Rishi Sunak avait le choix. Le premier ministre britannique pouvait le prononcer un jour de grève des trains (du 3 au 7 janvier), des bus (les 4 et 5 janvier) ou des employés des autoroutes (les 3, 4, 6 et 7 janvier). Il pouvait aussi attendre la semaine prochaine, avec la poursuite du débrayage des inspecteurs d’auto-écoles, celui des ambulanciers ou encore des instituteurs en Ecosse. Il était enfin possible de patienter jusqu’à la semaine suivante, avec le point d’orgue que représenteront les deux jours de grève des infirmières.

Le chef du gouvernement, en place depuis deux mois et demi, a finalement pris la parole mercredi 4 janvier. Et il a réussi l’exploit de ne pratiquement pas évoquer le climat de colère sociale, pourtant sans précédent depuis trois décennies. Il a préféré tenir un discours positif, promettant « un futur qui restaure l’optimisme, l’espoir et la fierté dans le Royaume-Uni ». « Nous pouvons renverser la lente acceptation du déclin, rejeter le pessimisme et le fatalisme, refuser les limites de nos aspirations. »

Réduire de moitié l’inflation

Concrètement, M. Sunak a fait cinq promesses aux Britanniques, sur lesquelles il entend être jugé à la fin de son mandat, dans deux ans (les prochaines élections sont prévues en janvier 2025). D’ici à la fin de l’année, il assure qu’il va réduire de moitié l’inflation ; que l’économie, actuellement en récession, va retrouver la croissance ; qu’il va « [s]’assurer » que la dette publique baisse ; que les listes d’attente du National Health Service (NHS), le service de santé, vont être réduites ; et que de nouvelles lois seront votées pour enrayer le passage des migrants par bateaux de fortune sur la Manche.

Ce discours était la première occasion pour M. Sunak d’imposer sa marque. Son arrivée à Downing Street le 25 octobre s’était faite dans la panique. Sa prédécesseure, Liz Truss, n’avait duré que cinquante jours, après un budget catastrophique qui avait provoqué un début de panique financière. Elle-même succédait à Boris Johnson, dont les frasques avaient défrayé la chronique tout le premier semestre 2022.

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M. Sunak, 42 ans, a donc consacré ses deux premiers mois à Downing Street à calmer la tempête. « Depuis que je suis devenu premier ministre, nous avons fait des progrès, stabilisant l’économie », souligne-t-il. Reste que le mal politique est fait : les conservateurs sont en moyenne à 26 % d’intentions de vote, contre 48 % pour les travaillistes.

Etait-il prudent d’essayer d’injecter une dose d’optimisme dans ces circonstances ? Beth Rigby, journaliste à Sky News, n’a pas ménagé M. Sunak lors de la conférence de presse qui a suivi son discours : « Nous attendions bien sûr un ton rassurant de votre part, a-t-elle dit, mais dans la vraie vie, on ne trouve pas de train, il est impossible d’obtenir un rendez-vous de médecin, les infirmières ont recours aux banques alimentaires [pour s’en sortir], et si l’on appelle le 999 [les urgences], on n’est pas sûr qu’une ambulance arrivera à temps pour sauver ses proches. (…) Et maintenant, vous faites des promesses sur la façon dont vous allez changer le pays (…). Ma question est : pourquoi est-ce que le grand public doit croire que vous êtes différent de vos prédécesseurs ? »

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