avantage et danger des munitions contenant de l’uranium appauvri



Les États-Unis ont rejeté mercredi 23 mars les plaintes de la Russie, qui a critiqué l’annonce, par la Grande-Bretagne, de la livraison prochaine de munitions contenant de l’uranium appauvri à l’Ukraine. Moscou avait jugé qu’un tel choix constituerait une « aggravation sérieuse » du conflit, menaçant de « répliquer ».

Ces armes très utilisées pour percer les blindages des tanks, présentent à long terme des risques pour la santé des populations civiles.

L’idée d’utiliser d’intégrer de l’uranium à des munitions remonte à la Seconde Guerre mondiale. À l’époque, Albert Speer, ministre de l’armement de l’Allemagne, ne peut plus se fournir en tungstène, en raison de pénuries. Il se tourne en 1943 vers un autre matériau plus dense que l’acier, l’uranium pour durcir les obus.

Ce matériau radioactif comporte un double avantage : d’abord, il est extrêmement dense, ce qui lui confère des capacités perforantes. En d’autres termes, il est très efficace pour percer les épais blindages des chars de combat.

Une munition performante et inflammable

De plus, la friction générée par l’impact enflamme l’uranium, ce qui permet d’améliorer sa capacité perforante, mais pas seulement. Une fois le blindage percé, du métal liquide entre dans l’habitacle. Tout ce qui est inflammable à l’intérieur du char – comme les munitions – s’enflamme à son tour, voire explose, ce qui permet de détruire intégralement le véhicule.

Les États-Unis utilisent des obus intégrant de l’uranium appauvri lors de la première guerre du Golfe. L’Otan déclare aussi y avoir eu recours lors de la guerre du Kosovo. L’armée américaine emploie à nouveau ce type de munitions lors de son invasion de l’Irak.

L’utilisation de l’uranium appauvri a fait l’objet de vives critiques, principalement parce que ce matériau est radioactif. Quand l’obus percute sa cible, il se répand dans l’air et dans les sols, ce qui entraîne potentiellement la contamination des populations par inhalation ou par ingestion.

Des risques sanitaires prouvés par les scientifiques

Des études menées ultérieurement en Irak confirment ce risque sanitaire. « Les preuves disponibles suggèrent des associations possibles entre l’exposition à l’uranium appauvri et les effets néfastes sur la santé de la population irakienne », affirme ainsi la revue BMJ Global Health. Les scientifiques ont notamment constaté une hausse du nombre de cancers et de malformations congénitales dans les zones touchées.

Les munitions à l’uranium appauvri avaient aussi été citées comme l’une des causes possibles du « syndrome du Golfe », les problèmes de santé des anciens combattants de la guerre du Golfe en 1991. Cela n’a toutefois pas été scientifiquement prouvé.

Contrairement à ce que son nom laisse penser, l’uranium appauvri n’est pas moins radioactif que l’uranium que l’on trouve dans la croûte terrestre. Le premier est créé par l’humain puisqu’il est un sous-produit de l’enrichissement de l’uranium, un procédé nécessaire à la création d’un combustible nucléaire.

« Désastre environnemental et sanitaire »

Il est dit « appauvri » car il possède moins d’isotopes 235 que son homologue naturel. Pourtant, sa radioactivité est de l’ordre de 10 millions de Becquerels – une unité mesurant l’activité d’une source radioactive – par kilogrammes, contre 40 Becquerels pour l’uranium qui se trouve naturellement dans le sol.

Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), l’uranium appauvri est un « métal lourd, chimiquement et radiologiquement polluant ». L’organisation antinucléaire britannique Campaign for Nuclear Disarmament a donc condamné mardi la livraison de munitions avec de l’uranium appauvri. Elle y voit un « désastre environnemental et sanitaire supplémentaire pour ceux qui vivent au cœur du conflit ».



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