Bagdad réclame les preuves amassées par les enquêteurs de l’ONU


Christian Ritscher (au centre), conseiller spécial du secrétaire général des Nations unies et chef de l’équipe d’enquête Unitad, visite la résidence du grand ayatollah irakien Ali Al-Sistani, à Nadjaf (Irak), le 19 décembre 2022.

Une année pour remettre les millions de documents et de données collectés sur les crimes commis en Irak par l’organisation Etat islamique (EI) et plier bagage : c’est la nouvelle feuille de route d’Unitad, la mission des Nations unies chargée d’enquêter sur les crimes du groupe terroriste. Le 15 septembre, le Conseil de sécurité des Nations unies a voté la prolongation du mandat de l’équipe d’enquête, mais « jusqu’au 17 septembre 2024 seulement », précise la résolution. Dans une lettre adressée au secrétaire général de l’ONU, le 5 septembre, le ministre des affaires étrangères irakien, Fouad Hussein, avait déjà annoncé que son pays acceptait de prolonger la mission d’un an, mais « sans possibilité d’extension ».

Chargée de recueillir les preuves de crimes contre l’humanité, crimes de guerre et génocide commis en Irak par l’EI, l’équipe d’enquête des Nations unies (Unitad) a été créée par un vote unanime du Conseil de sécurité, en septembre 2017. Depuis, la mission d’investigation antiterroriste a toujours fait consensus à New York. A quelques détails près, l’unité entre les membres du Conseil de sécurité s’est exprimée à chaque rapport semestriel de la mission, installée à Bagdad.

Tous les ans néanmoins, l’Irak proposait de planifier une fin de mandat pour l’Unitad. Cette fois, fort des soutiens russes et chinois, Bagdad est parvenu à imposer un plan précis, autour d’une priorité : récupérer les preuves récoltées depuis six ans par les enquêteurs, non seulement concernant les crimes de l’EI, mais aussi ceux qui ont financé l’organisation terroriste. Bagdad demande l’accès à ces preuves « dans le plein respect de la souveraineté de l’Irak et de sa compétence pour connaître des crimes commis entre ses frontières et contre son peuple ».

Génocide contre les yézidis

Des preuves, l’Unitad en a récolté des tonnes. Assez pour établir qu’un génocide a été perpétré contre les yézidis, et pour documenter les crimes commis contre les chiites, les chrétiens, et les sunnites de la région d’Al-Anbar. La mission onusienne a récemment remonté la piste de la production et de l’utilisation d’armes chimiques sur le village de Taza Khormatou, au sud de Kirkouk, en 2016. Les enquêteurs dissèquent aussi la structure de l’EI. En juin, devant les diplomates à New York, le chef de l’enquête, Christian Ritscher, avait décrit une « bureaucratie à grande échelle qui a documenté et maintenu un système administratif semblable à celui d’un Etat ». Rien de vraiment nouveau, beaucoup a déjà été dit sur l’organisation. Mais l’ancien procureur allemand l’affirme preuves à l’appui.

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