Benjamin Dutreux, skipper, entrepreneur et acteur engagé


Le skipper de Guyot Environnement Water Family attaque la quatrième semaine de course du Vendée Globe. Sur mer comme sur terre, il est sur tous les fronts.

Pour Benjamin Dutreux, il faut presque regretter que les journées n’aient que 24 heures. Celui qui a pris le départ de son deuxième Vendée Globe, à bord de Guyot Environnement Water Family, pilote non seulement une écurie de course, baptisée Eole Racing, mais expérimente aussi les responsabilités entrepreneuriales. Voici quelques années, lui et son frère ont racheté une société basée en Vendée : une entreprise adossée à deux métiers, la concession nautique d’une part, le chantier naval d’autre part, via la réparation et la rénovation de bateaux. 

Course au large et développement d’une entreprise ne sont pas des activités antagonistes, loin de là. Comme le souligne Benjamin Dutreux, « il arrive régulièrement que des personnes aient recours à nos services parce qu’ils ont entendu parler de l’écurie. Cela fonctionne aussi en sens inverse, avec des clients désireux de soutenir nos projets de compétition et de voir comment les exploiter. C’est aussi comme cela que l’on fédère des soutiens. »

Fédérer, le mot n’est pas trop fort parce que le skipper a besoin d’un tissu de partenaires le plus dense possible pour accompagner le développement de son écurie. À titre indicatif, le bateau qui s’aligne sur ce Vendée Globe a été fabriqué en 2015, moyennant une enveloppe de 3,5 millions d’euros. Rappelons au passage que le règlement de la course oblige au respect d’un certain nombre de normes standard, comme la longueur et la largeur du bateau, les concurrents étant libres ensuite d’apporter des améliorations, à commencer par le choix des matériaux.


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Vérité, sincérité et transparence  

Les frais de fonctionnement d’Eole Racing, qui salarie une quinzaine de personne – dix pour la partie technique et cinq pour les fonctions support), s’élèvent à environ 1,5 million d’euros par an. Si l’on compare avec d’autres écuries, Eole Racing se situe dans la fourchette basse, sachant que la construction d’un nouveau bateau peut atteindre aujourd’hui 7 à 8 millions d’euros, avec des dépenses de fonctionnement entre 3 et 5 millions d’euros. Car la course n’est que la partie immergée de l’iceberg : l’entraînement, l’entretien du bateau, la constitution d’une équipe sont des postes financièrement exigeants.  

« Une partie de mon temps est consacrée à la recherche de décideurs susceptibles de nous épauler chez Eole Racing mais cela ne signifie pas que j’utilise un discours formaté, poursuit Benjamin Dutreux. Au contraire, j’essaie d’être à la fois vrai, sincère et transparent, aussi bien sur le contenu de nos projets que sur ce qu’ils peuvent apporter à mes interlocuteurs. »

C’est d’ailleurs lors d’une réunion avec des entrepreneurs que le navigateur a pu nouer des contacts fructueux avec Stéphane Letheule, le directeur général de 4CAD Group, une entreprise basée à Nantes (Loire-Atlantique) et spécialisée dans les solutions digitales. Laquelle entreprise a rejoint le collectif d’acteurs, une quinzaine en tout, emmené par Guyot Environnement, qui permet à Benjamin Dutreux de participer à ce Vendée Globe en ayant assuré ses arrières.

Éducation et sensibilisation  

Certes, tous les échanges ne se révèlent pas aussi profitables comme avec 4CAD Group, mais cela n’empêche pas Benjamin de rester en relation avec l’ensemble de ses contacts, même quand les discussions n’aboutissent pas. « L’expérience prouve que l’avenir réserve toujours des surprises. Il peut parfaitement arriver qu’un décideur qui ne soit pas enclin spontanément à nous accompagner devienne client de l’un de nos partenaires et fasse évoluer sa réflexion. »  

Pour la petite histoire, le marin, quand bien même il a grandi à l’Ile -d’Yeu, n’est pas tombé immédiatement dans la marmite de la compétition. Après des études en génie matériaux, il a travaillé cinq ans en entreprise. C’est seulement après qu’il s’est vraiment tourné vers la course au large : « Le fait de pouvoir se mesurer aux autres, un certain esprit d’aventure et la proximité immédiate avec la nature sont de puissants moteurs », dit celui qui ne cache pas son ambition de finir dans le top 10 de cette nouvelle édition du Vendée Globe. 

Un autre des leviers du navigateur consiste dans son engagement aux côtés de la Water Family, une association qui  éduque depuis plus de dix ans à la préservation de l’eau, de la santé et de la planète – en promouvant les bonnes pratiques et la consommation responsable. En l’occurrence, Benjamin Dutreux participe à des opérations de sensibilisation des enfants, sur les côtes françaises. Ils sont déjà 3000 « kids » à avoir ainsi tissé des liens avec la Water Family. 



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