Blanche Gardin, Oxmo Puccino, Enki Bilal… s’inquiètent pour la liberté d’expression depuis l’affaire Bastien Vivès


Blanche Gardin, Oxmo Puccino, Enki Bilal figurent parmi les 40 signataires de la tribune. AFP

Une quarantaine de personnalités estiment la société «au bord de l’obscurantisme» depuis la mise en cause de l’auteur de BD accusé de pédopornographie.

L’affaire Bastien Vivès, auteur dont l’exposition au Festival d’Angoulême a été annulée en pleine polémique sur le caractère pédopornographique de son œuvre, est-elle révélatrice d’une nouvelle forme de censure dans les arts ? Oui, si on en croit une tribune signée par une quarantaine de personnalités qui manifestent leur inquiétude dans Le Monde. «Interroger ou contester le travail d’un auteur est légitime, mais que le bâillonner ne l’est pas», expliquent les signataires, soucieux de trouver une position équilibrée dans une affaire épineuse. «Certains considèrent que [Bastien Vivès] a été cloué au pilori, d’autres qu’il a largement participé à sa disgrâce par de détestables dérapages verbaux, même s’il s’en est excusé», résume le texte dont la fonction revendiquée «n’est pas de le défendre».

La comédienne Blanche Gardin, le musicien Oxmo Puccino, les auteurs Enki Bilal, Jean-Christophe Chauzy, Jean-Marc Rochette (qui a annoncé abandonner la bande dessinée depuis cette affaire), l’ex-ministre de la Culture Françoise Nyssen, la dessinatrice Coco, affirment conjointement qu’«aucun auteur ne peut créer en tremblant». «Comment un artiste pourrait-il encore prendre des risques, interroger sa part d’ombre (et la nôtre), chercher à bousculer, à remuer les passions humaines, à questionner notre condition commune – parfois sombre – en se demandant, à chacune de ses productions, si son prochain habit ne sera pas fait de goudron et de plumes ?», s’interrogent-ils. Ils évoquent le «délit d’outrage aux bonnes mœurs», qui a mené Flaubert et Baudelaire devant les tribunaux, en affirmant que «l’évocation du mal n’en est pas son approbation».

S’affirmant «viscéralement attachés à la protection de l’enfance», les signataires se veulent également «les défenseurs de la liberté de création». «Réintroduire un contrôle de la pensée et de ses expressions prépare un monde de libertés dégradées dont nos enfants seront précisément les victimes», affirment-ils en mettant en garde contre une société «au bord de l’obscurantisme».

Dans un long message publié sur les réseaux sociaux mi-décembre, l’auteur de Polina, aujourd’hui visé par une enquête pour diffusion d’images pédopornographiques, avait présenté ses «plus sincères excuses» à ceux qui avaient pu être choqués par certaines de ses déclarations et réfuté toute complaisance envers la pédopornographie.


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