Brooks Koepka chante sous la pluie au Masters


Le pire ennemi du golfeur est le vent. Mais la pluie n’a jamais été un intime, non plus. Elle a imbibé le parcours du Masters et les esprits lors de ce début de troisième tour qui s’est disputé sous les parapluies. Par bonheur, il y a des limites à tout. Engoncés dans des tenues de randonneurs, frigorifiés au point que Tiger Woods a joué avec bonnet sur sa casquette, freinés tant les conditions ont allongé les trous, les joueurs ont défié ces conditions écossaises avant que la blague ne cesse, à 15h15 heure locale, vu les mares inondant les greens et même quelques fairways. Il faudra possiblement jouer 29 trous dimanche pour aller endosser la veste verte, si le temps le permet et il est annoncé radieux. Un marathon. Il est peu de dire que la dimension physique va être déterminante.

A ce petit jeu du sauve-qui-peut, Brooks Koepka s’est régalé. Il n’a pas seulement consolidé son score, il l’a amélioré (-13) en plantant un birdie au 2 sur le premier Par 5 du parcours. Six trous (le 7 pas fini), pas de bogey, pas de frayeur. Le rapproché matinal de Jon Rahm à deux coups ne l’a pas franchement perturbé. Le duel direct, dont l’amateur Sam Bennett est resté un peu distant et spectateur (deux bogeys d’entrée, -6 au total), a pour l’heure tourné en faveur de la tête de gondole du LIV.

« Vous avez de la pluie à gérer et il fait un froid glacial. Cela ne facilite pas les choses »

« C’est évidemment super difficile, a commenté le leader. La balle ne va nulle part, vous devez jouer très souvent des putts sous pression. Vous avez de la pluie à gérer et il fait un froid glacial. Cela ne facilite pas les choses. Le green du 7 était trempé. Je pensais avoir réussi une belle sortie de bunker mais la balle s’est figée à cause de l’eau. Sans doute que je n’aurais pas eu ce coup à jouer si l’arrêt avait été prononcé plus tôt mais je suis parfaitement en accord avec ce qui a été décidé. Et pour les 29 trous à jouer demain (dimanche), pas de souci, je serai prêt. C’est le Masters ».

Jon Rahm, lui, avait bien maîtrisé les conditions déjà pluvieuses du matin (-10), même s’il avait concédé deux bogeys sur la fin (16 et 18) : « Vu les conditions, jouer 1 sous le Par sur ces neuf derniers trous, c’était vraiment bien. C’est difficile de jouer sous l’eau mais quand on se sent bien, on finit par trouver ça amusant ». L’Espagnol a moins rigolé l’après-midi, avec des trombes encore plus drues, pour débuter son 3e tour. Il s’est bien lancé (birdie au 2) et puis il a flanché (bogeys aux 4 et 5) : « Les éléments sont les éléments, il faut faire avec. Je ne veux même pas discuter du moment choisi pour l’arrêt. Ils voulaient qu’on joue le plus possible, c’est normal. Mais un trou de 500 mètres sous l’eau, c’est vraiment long. Il reste beaucoup de golf, je joue bien, je reste confiant ».

Patrick Cantlay (-3 en 13 trous) et Matthew Fitzpatrick (-3 en 11 trous) se sont sentis comme des poissons dans l’eau. Les voilà replacés (-5), à l’affût, aux cotés de Collin Morikawa et Viktor Hovland, stoppés au 8, dans le silence ou presque tant la foule semblait transie et éteinte. Parti du 10 et pourtant peu en verve avec son putting, Scottie Scheffler (-2 pour la journée, 12 trous joués) n’a pas dit son dernier mot (-3) alors que Phil Mickelson, 4e temporaire avant deux bogeys (trous 7 et 8), a confirmé qu’il retrouvait quelques élans de jeunesse (-4, 8e).

Difficile d’en dire autant de Tiger Woods. Boitant énormément, faisant presque peine à voir tant il n’arrive plus à cacher sa souffrance, le quintuple vainqueur d’Augusta a porté sa croix sous la pluie (+6 en 7 trous). Il ferme désormais la marche (+9) avec une dignité folle. On a du mal à l’imaginer jouer six heures et demie ce dimanche sans mettre le clignotant vers la bande d’urgence à un moment ou à un autre. En champion, il s’imagine sans doute finir. Il reste à espérer qu’il pourra revenir à Augusta. Indéniablement, il mérite une autre sortie que celle qui lui semble promise cette fois-ci. En catimini.



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