Bruno Clergue, le photographe des familles
CRITIQUE – Avec «Trois générations» à La Ferté-Bernard, dans la Sarthe, il renouvelle le genre. Des portraits en triple, et en noir et blanc, qui pointent autant les ressemblances que les différences.
La photo de famille est un genre à meubler des albums. On les regarde comme on parcourt une vie, en faisant défiler les clichés. Lieu, costume, circonstance. Mariage, baptême, anniversaire. On y était, on s’y replonge, et on en rit encore. Des récits refont surface, ronde des souvenirs qui montent comme l’image précise ses contours au moment du tirage. Dans son exposition «Trois générations», Bruno Clergue décape l’exercice. Ni costumes, ni décors, ni lieu sur le cliché. Seulement trois visages: un enfant ou un bébé ou un adolescent, un parent puis un aïeul. Pris séparément. En noir et blanc, et en gros plan. Et présentés oreille contre oreille, dans des formats tout en longueur.
«Bruno nous a salués, il a considéré l’espace, la lumière ambiante, et disposé trois chaises côte à côte devant la grande fenêtre du bureau. Il a installé son trépied, placé son boîtier, effectué quelques réglages et nous a demandé de nous asseoir. Côte à côte, donc, dans un ordre précis. Je ne me souviens plus…