Bruno Le Maire affiche sa détermination à réduire les dépenses publiques


Bruno Le Maire, ministre de l’Économie. LUDOVIC MARIN / AFP

Dès le budget 2024, des réductions de dépenses significatives interviendront, promet le ministre de l’Économie. Une revue des différents postes budgétaires doit être réalisée dans les prochains jours.

Le chiffre a de quoi impressionner : 2956,8 milliards d’euros. «À la fin du troisième trimestre 2022, la dette française atteint les 113% de notre richesse nationale», reconnaît Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, dans une interview accordée au Journal Du Dimanche .

La dette publique française a, en effet, explosé ces dernières années, et plus particulièrement depuis le début de la pandémie de Covid-19. Elle a franchi les 100% du PIB pour la première fois durant la pandémie et se rapproche inexorablement du cap symbolique des 3000 milliards d’euros.

Pour autant, l’exécutif cherche à rassurer. «Avec le Président et la première ministre, nous sommes déterminés à faire baisser la dette à partir de 2026 et à ramener le déficit public sous les 3 % en 2027», met en avant le ministre de l’Économie. En 2021, le déficit public atteignait 6,4 % du produit intérieur brut, loin de la règle européenne des 3%.

«Des réductions de dépenses significatives»

Pour atteindre cet objectif, le gouvernement compte sur une augmentation de la création de richesses mais aussi sur une réduction des dépenses. «Nous passerons au peigne fin toutes les dépenses publiques : État, collectivités locales, champ social. C’est l’objet de la revue des dépenses que nous engagerons dans les prochains jours sous l’autorité de la première ministre», a-t-il pointé. La réduction des avantages fiscaux favorables aux énergies fossiles est une des pistes qui semble notamment être envisagée. «Dès le budget 2024, nous pourrons ainsi programmer des réductions de dépenses significatives», assure le ministre.

Mais ces économies ne seront pas réalisées sur le dos de la transition énergétique puisque pour réussir celle-ci, «60 à 70 milliards d’euros supplémentaires par an» sont nécessaires, chiffre Bruno Le Maire.

Il appelle ainsi les collectivités et les acteurs privés à participer à l’effort financier, estimant que «l’État peut en porter une partie mais pas la totalité» et qu’il doit jouer le rôle de «levier de l’investissement privé». «C’est tout l’objet du projet de loi que je présenterai en mai», explique le ministre. Début janvier, lors de ses vœux aux acteurs économiques, le locataire de Bercy avait indiqué vouloir faire de la France «la première nation» industrielle verte d’Europe, par le biais d’un futur projet de loi accélérant la création de nouveaux sites industriels et incitant à la décarbonation.

Interrogé sur les objectifs de réindustrialisation et décarbonation, Bruno Le Maire souligne qu’il y a eu des «investissements massifs (…) déjà engagés avec France 2030, comme le plan hydrogène, la construction de six nouveaux réacteurs nucléaires, des usines de batteries électriques, notamment dans le Nord».

La réforme des retraites comme levier

Pour faire diminuer le poids de la dette, l’exécutif compte également accroître ses recettes grâce notamment à la réforme des retraites. Justement, alors que le projet de loi arrive à l’Assemblée nationale et que les syndicats appellent à de nouvelles manifestations partout en France mardi, le ministre de l’Économie appelle les partis de la majorité (Renaissance, Horizon, MoDem) «à faire bloc» à l’Assemblée nationale et à soutenir la réforme. «Quand on appartient à une majorité, on soutient les propositions qui faisaient partie du projet présidentiel», intime le ministre, qui dit espérer que les Républicains soutiendront cette réforme «jusqu’au bout».

Interrogé sur la pertinence de revoir les dispositifs concernant les carrières longues et les femmes, sujets de nombreuses contestations, Bruno Le Maire rétorque que «la première ministre n’a cessé d’enrichir le texte. Personne ne peut dire qu’Élisabeth Borne n’a pas écouté». Avant de développer : «La vraie injustice, ce serait de laisser tomber notre système. Cela fragiliserait les femmes, les plus modestes, ceux qui ont eu des carrières hachées.» Ceux «à qui on demande de travailler plus longtemps» doivent être «mieux rémunérés», juge encore le locataire de Bercy qui se réjouit de ce «qu’en seulement cinq mois, depuis le vote de la loi pouvoir d’achat, 3,6 millions de Français aient reçu pour 700 euros en moyenne de nouvelle prime Macron.»

Le président de la Confédération des PME (CPME) François Asselin estime de son côté que la «copie gouvernementale mérite d’être étoffée» concernant les «mesures favorables à l’emploi des seniors», dans une tribune publiée par le JDD également.



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