Bruno Le Maire brandit la menace d’une «taxe» pour obliger les industriels à répercuter la baisse des prix


Le 17 mai, 75 grands groupes agroalimentaires, représentés par l’Ilec et l’Ania, avaient été reçus à Bercy. LUDOVIC MARIN / AFP

Alors que l’ultimatum de «début juin» approche, certains groupes traînent toujours des pieds pour rouvrir les négociations avec les distributeurs .

C’est une bonne nouvelle pour le pouvoir d’achat des Français: selon la première estimation de l’Insee dévoilée ce mercredi, l’inflation a nettement ralenti en mai en France, à 5,1% sur un an, après avoir atteint 5,9% en avril et plus de 6% en début d’année. Ce mieux serait du au «ralentissement sur un an des prix de l’énergie (…) des produits manufacturés et des services» mais aussi de l’alimentation, en hausse de 14,1% sur un an en mai après avoir augmenté de 15% en avril.

«J’avais toujours indiqué qu’à l’entrée de l’été nous verrions l’inflation ralentir, nous y sommes et elle ralentit», s’est félicité le ministre de l’Économie Bruno Le Maire ce matin sur France Inter. «Il y a un certain nombre de prix qui vont commencer baisser», a-t-il promis. Les denrées alimentaires sont dans le viseur de Bercy. Alors que les prix des matières premières, comme le blé, ne cessent de chuter, la répercutions dans les rayons tardent à se faire ressentir. «Sur l’alimentaire, il faut accélérer la baisse», a intimé Bruno Le Maire.

Engagements non-tenus

Pour le ministre, «les distributeurs ont tenu leur engagement», en acceptant de mettre en place le «trimestre inflation». Les grandes surfaces ont d’ailleurs accepté de prolonger la mesure au-delà du 1er juin. Au tour des industriels, donc, de faire des efforts. Le 17 mai, les 75 plus grands groupes agroalimentaires, représentés par l’Ilec et l’Ania, avaient été reçus à Bercy. Devant le ministre de l’Économie, ils s’étaient engagé à rouvrir les négociations commerciales avec les distributeurs au regard de la baisse des prix des matières premières.

Mais nombre d’entreprises n’auraient pas joué le jeu, à en croire Bruno Le Maire. Or l’ultimatum fixé par Bercy – «début juin» – approche. Le ministre a donc pour la première fois explicité les sanctions auxquelles s’exposent les industriels rétifs. «Soit les industriels tiennent leurs engagements, soit j’utiliserais l’instrument fiscal pour rendre ce qu’ils doivent aux consommateurs», a-t-il déclaré au micro de Léa Salamé et Nicolas Demorand. Plus précisément, il s’agira d’une «taxation des très grandes entreprises de l’agroalimentaire», selon les mots du ministre. L’objectif de la punition: «récupérer les marges des industriels et les rendre aux consommateurs».

Reste que les contours de cette épée de Damoclès demeurent bien flous. Qui sera ciblé par ce prélèvement? Uniquement les grands groupes de l’agroalimentaire ou tous les industriels récalcitrants? Les «marges des industriels», peuvent-elles raisonnablement servir d’assiette à la taxe, comme semble le vouloir Bruno Le Maire? «Nous n’entrons pas dans ces détails», se contente de répondre le ministère de l’Economie, reconnaissant qu’il s’agit d’une «arme de dernier recours». Pas sûr que l’avertissement fasse trembler les agro-industriels.



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