ce que l’on sait de cette affaire de harcèlement scolaire, dans laquelle cinq personnes sont mises en examen



Cette collégienne de 13 ans, victime de harcèlement depuis la rentrée de septembre dernier, s’est donné la mort le 12 mai. Quatre mineurs sont poursuivis pour “harcèlement scolaire ayant conduit au suicide” et un majeur pour “menaces de mort”.

C’est un nouveau drame lié à du harcèlement scolaire. Lindsay, 13 ans, s’est suicidée dans la soirée du 12 mai à son domicile. Elle était harcelée depuis de nombreux mois et sa mère avait alerté l’Education nationale. Quatre mineurs ont été mis en examen pour harcèlement scolaire ayant conduit au suicide et un majeur pour menaces de mort, a annoncé, jeudi 25 mai, le procureur de Béthune (Pas-de-Calais) dans un communiqué. Voici ce que l’on sait de cette affaire.

Un harcèlement incessant depuis la rentrée

Lindsay était scolarisée en classe de 4e au collège Bracke-Desrousseaux de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), selon le rectorat de l’académie de Lille. L’adolescente s’est donné la mort chez elle, dans la soirée du 12 mai. Sa mère, Betty, a témoigné jeudi sur RTL et raconté que sa fille avait été victime dès la rentrée d’“insultes à répétition” à l’école et “sur les réseaux sociaux”.

Pour elle, “la jalousie” de ses camarades est à l’origine de ce harcèlement. “Lindsay était jolie, coquette, elle avait tout pour elle !”, assure sa mère à La Voix du Nord. “Quand elle se prenait des remarques, elle me disait : ‘C’est pas grave, je m’en fous’, alors qu’au fond d’elle, ça la touchait. Elle m’a envoyé beaucoup de messages comme quoi elle n’allait pas bien, qu’elle ne voulait plus vraiment être là”, a également raconté une amie de Lindsay à RMC. “La dernière semaine, Lindsay était dans sa bulle, en colère”, poursuit la mère de l’adolescente. 

“Elle en voulait au monde entier, elle ne voulait plus trop nous parler. Même avec moi, elle était très en colère, je ne comprenais pas.”

La mère de Lindsay

sur RTL

“On ne vit plus depuis le 12 mai. On essaie de le faire pour les enfants, confie encore Betty à RTL. Mais, je ne vais pas vous mentir, je suis anéantie. Je vis un enfer, c’est horrible. Je suis en colère, je ressens de la tristesse, tout se mélange.” Une cellule de soutien est mise en place depuis le 15 mai dans le collège et une marche blanche a été organisée mercredi matin en mémoire de la jeune fille.

Plusieurs signalements et des sanctions

Quand les notes de Lindsay ont commencé à chuter, sa mère a réagi, entre rendez-vous chez le psychologue et signalements aux services académiques. “J’ai même écrit au président de la République !”, confie à La Voix du Nord la grand-mère de l’adolescente, qui avait trouvé en février une lettre d’adieu de Lindsay sous son lit. “Je croyais que ça s’était calmé. Mais elle continuait à être harcelée jour et nuit ! Elle était à bout !”, précise la mère de la jeune fille.

Une “première situation de harcèlement” avait été signalée, “traitée par l’établissement”, précise de son côté le rectorat à l’AFP. Cette alerte avait débouché sur “une commission harcèlement et les sanctions adéquates avaient été prononcées”, toujours selon la même source. “Un élève” mis en cause à ce moment-là avait ensuite quitté l’établissement.

Cinq personnes mises en examen dans le cadre de l’enquête

“Je voudrais que tous ceux qui ont fait du mal à ma fille le paient”, a déclaré la mère de Lindsay sur RTL. Dans cette affaire, une information judiciaire a été ouverte le 20 mai des chefs de “harcèlement scolaire” ayant pour “effet une dégradation des conditions de vie altérant la santé et ayant conduit la victime au suicide”.

Quatre mineurs ont été mis en examen pour “harcèlement scolaire ayant conduit au suicide”, a annoncé le procureur de Béthune dans un communiqué. Une personne majeure a par ailleurs été mise en examen pour “menaces de mort”, a-t-il ajouté. Il précise que ces cinq personnes ont été placées sous contrôle judiciaire, conformément aux réquisitions du parquet.

Le ministre appelle à “combattre collectivement” le “fléau” du harcèlement scolaire

“Je pense à Lindsay, sa famille, ses amis. Nous continuons le combat”, a tweeté mercredi soir le ministre de l’Education nationale, Pap Ndiaye, à l’occasion de la remise du prix Non au harcèlement, qui récompense “la création d’une affiche ou d’une vidéo” sur ce thème. “Le harcèlement à l’école est un fléau que nous devons combattre collectivement : pour le bien-être de nos élèves, pour leur sécurité, pour le vivre-ensemble.”

Ces derniers mois, plusieurs suicides d’adolescents ont rappelé le difficile combat contre le harcèlement à l’école. L’institution scolaire a tenté ces dernières années de se mobiliser sur cette question. Un dispositif de prévention, le programme pHARe, expérimenté depuis 2019 dans les écoles élémentaires et les collèges de six académies, doit achever cette année sa généralisation. Selon le ministère, 91% des collèges et 64% des écoles sont déjà inscrits dans ce programme, auquel s’ajoutent d’autres mesures de lutte contre le harcèlement, comme les numéros d’aide d’urgence 3020 (pour familles et victimes) et 3018 (cyberharcèlement).


Si vous avez besoin d’aide, si vous êtes inquiet ou si vous êtes confronté au suicide d’un membre de votre entourage, il existe des services d’écoute anonymes. La ligne Suicide écoute est joignable 24h/24 et 7j/7 au 01 45 39 40 00. D’autres informations sont également disponibles sur le site du ministère des Solidarités et de la Santé.

Pour signaler toute situation de harcèlement ou de cyberharcèlement, que vous soyez victime ou témoin, il existe des numéros de téléphone gratuits, anonymes et confidentiels : le 3020 (harcèlement) et le 3018 (cyberharcèlement), joignables du lundi au samedi, de 9 heures à 20 heures. D’autres informations sont également disponibles sur le site du ministère de l’Education nationale.





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