«Cette médaille d’argent est quand même une satisfaction» pour Timothée Adolphe
Deuxième de la finale du 100m, le sprinteur français savourait, avec son guide Charles Renard, cette seconde médaille d’argent à Paris. Tout en se montrant un peu critique.
Au Stade de France
Timothée, quel est votre sentiment après cette médaille d’argent sur le 100m ?
Timothée Adolphe : Forcément il y a un peu de frustration car ce n’est pas l’or qu’on voulait. On n’a pas pu être les premiers Français, olympiens et paralympiens compris, à faire sonner la cloche (privilège réservé au vainqueur au Stade de France, NDLR). Il a manqué trois petits centièmes. C’est dommage, mais il faut être lucide. Il y avait eu trois tours de 400m, deux petits jours de repos qui n’en étaient pas des vrais parce qu’il fallait me réactiver pour que je puisse switcher entre le rythme du 400 et l’intensité du 100. J’avais six grosses courses dans les jambes, avec de la fatigue. Mais il y avait de l’envie d’être à la hauteur de ce public en or. Cela reste une belle médaille. On savait que ce serait une finale au couteau, et cela a été le cas. Il manquait un petit truc sur la fréquence gestuelle que les Grecs, en étant plus petits, ont.
Vous avez signé quand même votre meilleur temps de la saison sur cette finale…
T. A. : On l’égalise. C’est quand même une satisfaction, même si on pense qu’on avait encore mieux dans les jambes. Après, c’est vrai qu’avec un programme et un format de compétition comme celui-ci, c’est compliqué d’être sur des performances plus élevées. De manière absurde, nous avons eu plus de récupération entre nos 100m qu’entre nos 400m. J’espère que World Parathletic bougera sur ce sujet parce qu’on demande aux athlètes de se professionnaliser de plus en plus, mais si on veut que le niveau continue de progresser, eux aussi vont devoir le faire à un moment. Nous méritons un programme digne de ce nom, et ce n’est pas valable que pour notre catégorie. Les femmes en T36 ont eu une série le soir à 22h pour courir leur finale le lendemain matin à 10 ou 11h.
Un mot sur votre duo avec votre guide, Charles Renard, qui s’est fait tardivement ?
T. A. : Nous avons commencé à travailler ensemble en janvier 2023. Un binôme qui n’a qu’un an et demi derrière lui et qui décroche une médaille d’argent aux Jeux, on ne va pas cracher dessus. C’est une satisfaction, d’autant plus que nous n’avons pas du tout les mêmes qualités. Comme dans toute relation humaine, il a fallu des compromis de l’un et de l’autre, de l’adaptation.
Il faut que ce soit le début d’une nouvelle ère pour le parasport en France
Timothée Adolphe
Vous avez reçu la visite du président de la République Emmanuel Macron. Que vous a-t-il dit ?
T. A. : Il m’a chaudement félicité en compagnie de la ministre des Sports. On a évoqué la suite, le rôle de guide que nous devons encore faire évoluer pour que l’on puisse donner à ces athlètes de haut niveau ce qu’ils méritent. Nous avons besoin d’eux pour être performants, alors qu’ils pourraient prétendre à une sélection dans les relais 4×100 ou 4x400m chez les valides. On ne peut pas demander à un athlète de s’entraîner et individuellement, et avec son binôme. Ce n’est pas possible. Il faut valoriser ce rôle.
Charles Renard : Et non, il ne nous a pas dit qui serait le ou la prochaine ministre (rires).
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Charles, comment avez-vous vécu votre première finale paralympique ?
C. R. : Franchement, j’aurais souhaité ramener mieux. Timothée méritait beaucoup mieux. Mais bon, c’est notre sport et il nous a manqué trois centièmes. On a fait un bon départ mais cela n’a pas suffi. Il me faudra un peu de temps pour savourer cette médaille d’argent. Je vais rentrer en Mayenne retrouver la famille, les amis et après je vais retourner au boulot, étape par étape, jusqu’à Los Angeles. L’année prochaine il y aura des Championnats du monde…
T. A. : Dont on ne sait toujours pas où ils auront lieu (sourire).
C. R. : C’est clair. Disons que pour l’instant on sait où on va ce soir, au Club France pour célébrer cette médaille avec un public en or. Les bénévoles ont été incroyables. Sans eux, rien n’aurait été possible. Les Jeux à Paris ont été réussis. Tout le monde pensait qu’il n’y aurait personne pour les paras, mais le public a répondu présent. Maintenant, il faut espérer qu’il y aura un après Paris 2024 pour toutes les personnes paralympiques.
T. A. : Il faut que ce soit le début d’une nouvelle ère pour le parasport en France.
C. R. : Oui, car on a du retard et il faut s’activer.
Avez-vous l’intention d’aller jusqu’à Los Angeles pour chercher cet or paralympique qui vous échappe ?
T. A. : L’année dernière, on a fait un doublé en bronze. Là, sur ces Jeux, c’est un doublé en argent. Donc je vous laisse deviner ce que l’on vise désormais. On va travailler pour. Los Angeles sera mon dernier challenge, si on m’en donne les moyens.