CMA CGM veut poursuivre sa conquête de la logistique en acquérant les activités de Bolloré


A Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique), en janvier 2023.

Jusqu’où ira l’appétit de Rodolphe Saadé, le PDG de CMA CGM ? L’armateur français a annoncé, mardi 18 avril, être entré en « négociations exclusives » avec Bolloré pour acquérir ses activités de transport et de logistique (BTL) sur la base d’une valeur d’entreprise de 5 milliards d’euros, mettant fin à une activité développée depuis 1986 et l’acquisition de la SCAC au groupe Suez. Après une phase d’audit et des négociations contractuelles entre les deux groupes familiaux, CMA CGM devrait remettre une promesse d’achat « autour du 8 mai 2023 », indique une source.

Réuni mardi, le conseil d’administration du groupe Bolloré a approuvé l’opération. « Aucune décision de cession ne sera prise avant l’issue des procédures d’information et de consultation des instances représentatives du personnel compétentes », précise néanmoins la société dirigée par Cyrille Bolloré depuis février. Dans sa lettre de vœux de fin d’année aux salariés, il indiquait pourtant que « la logistique demeure un secteur d’activité-clé dans la composition du groupe » et qu’il continuerait à y faire des « acquisitions ».

L’« offre spontanée » du troisième transporteur mondial par conteneurs sur Bolloré Transport & Logistics (BTL) n’est pas une surprise. La famille Saadé n’avait pas marqué d’intérêt pour Bolloré Africa Logistics, finalement cédé fin décembre 2022 pour 5,7 milliards au numéro un mondial du transport par conteneurs, l’italo-suisse Mediterranean Shipping Company. En revanche, elle lorgne depuis des mois sur le reste de ce pilier du groupe Bolloré − l’autre étant constitué de Vivendi (médias-communication). Elle est d’autant moins surprenante que l’opération « s’intègre dans la stratégie du groupe », qui est d’offrir une gamme complète de services, du transport maritime et du stockage en entrepôts jusqu’à la livraison au dernier kilomètre.

Grosse opération de croissance

BTL est présent dans 148 pays, dispose de 800 000 mètres carrés d’entrepôts, de capacités de fret aérien et de 13 500 salariés rompus à ces métiers, selon le site Internet du groupe Bolloré. Sa lucrative activité de commissionnaire, qui aide les clients des armateurs dans toutes leurs démarches (douanes, réglementations, suivi des cargaisons…), intéresse aussi CMA CGM, qui veut les intégrer au groupe comme ses concurrents et capter les marges. BTL serait la plus grosse opération de croissance externe du groupe depuis la naissance de CMA à Marseille, en 1978.

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M. Saadé y voit un double intérêt. Financier, d’abord. le patron de CMA CGM est persuadé que cette activité logistique, beaucoup moins cyclique que le shipping, permettra au groupe familial de mieux résister aux tempêtes qui ont failli le faire sombrer en 2009. L’Etat et un pool bancaire s’étaient alors mobilisés pour sauver un pavillon français dont le fondateur, Jacques Saadé, avait un temps perdu le contrôle, avant de le reprendre. Le pire moment de l’histoire de l’entreprise.

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