combien, pourquoi, avec quelles conséquences… Six questions que pose la livraison de chars lourds à Kiev


Les annonces de livraison de chars lourds à l’Ukraine constituent un tournant dans le soutien international à Kiev. Ces chars pourraient changer le cours de la guerre et aider les Ukrainiens à « gagner », a même affirmé le secrétaire général de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), Jens Stoltenberg. Toutefois, les quantités annoncées mercredi restent trop faibles pour avoir un véritable impact sur le terrain. L’Ukraine estime à environ 300 le nombre de chars nécessaire à ses troupes pour repousser les Russes. Mais si Kiev pouvait en recevoir une centaine, l’effet serait déjà « significatif » sur le champ de bataille face aux Russes, estime l’Institut international d’études stratégiques. Dotée de Leopard 2, « une armée peut percer les lignes ennemies et mettre fin à une longue guerre de tranchées », confirme Armin Papperger, directeur du groupe d’armement Rheinmetall. « Avec le Leopard, les soldats peuvent avancer de plusieurs dizaines de kilomètres d’un coup. »

La livraison de ces véhicules lourds va cependant prendre du temps. Avant l’annonce de la chancellerie allemande, le patron de Rheinmetall, le constructeur du Leopard 2, avait expliqué qu’il serait impossible de livrer les chars stockés avant la fin de 2023. Il faudrait en effet plusieurs mois pour réparer, repeindre et préparer les machines au combat, au prix de centaines de millions d’euros que Rheinmetall ne peut pas engager tant qu’une commande ferme n’est pas passée, avait-il précisé. De la même manière, les Américains ont affirmé que l’acheminement des chars Abrams jusqu’en Ukraine pourrait prendre plusieurs années. Le processus de livraison d’armes mis en place par les alliés est gardé secret depuis le début du conflit et semble fonctionner puisque les Russes n’ont jusqu’ici pas détruit de convois importants d’armes occidentales.

Outre la livraison de ces chars, il faudra que les alliés assurent la formation des forces ukrainiennes. Lors d’une conférence de presse à Berlin, mardi, à la veille de l’aval de la chancellerie à la livraison des Leopard, le ministre de la défense allemand, Boris Pistorius, avait annoncé que les pays alliés possédant ces véhicules pouvaient d’ores et déjà commencer à former des troupes. Toutefois, des experts militaires, notamment l’ancien soldat américain Mark Hertling, alertent sur les capacités des Ukrainiens et les connaissances techniques qu’ils vont devoir acquérir, non pas pour diriger les chars, mais plutôt pour réussir à les entretenir, à les faire fonctionner en bataillon et aux côtés des autres armes, pour assurer aussi l’acheminement des pièces de rechange ou du carburant.

Ce sont d’ailleurs cette formation technique précise et la maintenance lourde que Washington avait dans un premier temps évoquées pour justifier son refus de fournir des chars Abrams à l’Ukraine. « Le char Abrams est un équipement très compliqué. Il est cher, il requiert une formation difficile (…). Je crois qu’il consomme 11 litres de kérosène au kilomètre », avait notamment souligné le sous-secrétaire à la défense pour la stratégie, Colin Kahl. « Ce n’est pas le système le plus facile à entretenir », avait-il ajouté.





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