Comment le Chili veut devenir le premier producteur mondial de lithium, métal essentiel à la transition énergétique


Les bassins de saumure et des zones de traitement de la mine de lithium de la société chilienne SQM (Sociedad Quimica Minera) dans le désert d’Atacama, Calama, Chili, le 12 septembre 2022.

L’annonce était très attendue. Dans un discours télévisé, jeudi 20 avril, le président chilien, Gabriel Boric (gauche), a déroulé les grands axes de sa « stratégie nationale du lithium », une promesse de campagne. Le plan s’inscrit dans une volonté de redistribution des bénéfices du secteur minier, un des piliers de l’économie chilienne. « C’en est fini d’un secteur minier pour quelques-uns », a affirmé le président, au pouvoir depuis mars 2022.

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La stratégie du lithium, « c’est plus de richesse pour que le Chili puisse financer de nouvelles écoles, hôpitaux, commissariats, en résumé, une vie plus digne pour tous et toutes », a poursuivi Gabriel Boric. La pierre angulaire de ce projet : la création d’une « entreprise nationale du lithium », dont les contours précis restent à déterminer, qui sera amenée à « participer à tout le cycle productif du minerai », a annoncé le président. Il ne s’agit pas d’une nationalisation des sociétés privées existantes, mais de la mise en place d’un partenariat public-privé avec ces acteurs miniers.

L’émergence de cette nouvelle structure reste cependant soumise à l’approbation du Congrès (où le gouvernement ne dispose pas de la majorité), via un projet de loi appelé à être présenté à la fin 2023. En attendant, l’entreprise publique du cuivre Codelco est d’ores et déjà chargée de lancer la participation de l’Etat dans l’extraction du lithium, en tissant des partenariats avec les entreprises privées.

Fiscalité et souveraineté énergétique

Des contrats d’exploration et d’exploitation seront par ailleurs attribués à Enami (entreprise nationale des mines) et Codelco. Actuellement, deux entreprises privées exploitent le salar de lithium d’Atacama (1 500 km au nord de Santiago), la région d’où est actuellement extrait le métal au Chili : l’américaine Albemarle et la chilienne SQM. Leurs concessions arrivent à échéance respectivement en 2043 et 2030.

Avec cette politique, Gabriel Boric entend marcher dans les pas du président socialiste Salvador Allende (1970-1973), qui, en 1971, avait nationalisé les mines de cuivre, baptisant la ressource naturelle « le salaire du Chili ». Le pays possède, selon les autorités, 36 % des réserves mondiales de lithium, en plein cœur du « triangle d’or » complété par l’Argentine et la Bolivie (lequel comptabiliserait deux tiers des réserves, selon le Centre national de la recherche scientifique français).

Le pays se rêve donc en premier producteur de la planète. Actuellement, le Chili pèse pour 34 % de la production mondiale, devancé par l’Australie. En 2022, la production de lithium représentait 3 % du produit intérieur brut (PIB) chilien.

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