comment les tensions internationales pourraient s’inviter aux Jeux olympiques
Tony Estanguet ne devait pas s’imaginer un jour parler au pupitre des Nations unies à New York. C’est pourtant là que, mardi 21 novembre, devant les représentants onusiens, le président du Comité d’organisation des Jeux de Paris 2024 (Cojop) a présenté le projet de résolution pour la trêve olympique.
Porté devant l’Assemblée générale par la France, pays hôte des prochains Jeux olympiques et paralympiques (JOP), et le Comité international olympique (CIO), le texte, non contraignant, a été adopté par seulement 118 des 193 Etats membres de l’ONU. Intitulée « Pour l’édification d’un monde pacifique et meilleur grâce au sport et à l’idéal olympique », la résolution, comme il est de coutume depuis 1993 – date à laquelle le CIO a relancé la tradition de l’ekecheiria (« trêve ») dans la Grèce antique –, enjoint aux pays participants de cesser leurs hostilités une semaine avant le début des Jeux olympiques (du 26 juillet au 11 août) et jusqu’à une semaine après la fin des Jeux paralympiques (du 28 août au 8 septembre).
Dans un contexte international rendu inflammable par le conflit entre Israël et le Hamas ainsi que par la guerre en Ukraine depuis l’attaque russe, en février 2022, le vote de la résolution a révélé les tensions à l’œuvre dans le monde d’aujourd’hui. Car, pour la première fois de l’histoire des Jeux olympiques modernes, le texte a été approuvé à travers un vote et non par consensus, comme cela avait été le cas depuis l’introduction de la trêve pour les Jeux de Lillehammer en 1994.
C’est la Russie, mise au ban du sport international, qui a poussé à la mise au vote de la résolution, après avoir œuvré en coulisses pour tenter, en vain, d’y intégrer un amendement appelant à « soutenir la participation de toutes les délégations et de leurs athlètes sous leurs drapeaux nationaux ». Les Jeux sont un « précipité des relations internationales », analyse le spécialiste en géopolitique du sport Jean-Baptiste Guégan. Et celles-ci pourraient peser dans huit mois à Paris, à la fois sur le plan sécuritaire et sur le plan sportif.
Alors que le risque terroriste est maximal – la France a relevé son niveau d’alerte après l’attentat d’Arras du 13 octobre –, les regards et les craintes convergent vers la cérémonie d’ouverture olympique sur la Seine, le 26 juillet. Au CIO, on ne parlerait « que de ça ». Membre du comité olympique, Guy Drut confirme : le sujet est évoqué « en coulisses » à Lausanne. « Beaucoup de fédérations se posent des questions sur la sécurité », reconnaît l’ancien ministre des sports.
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