Curie, écologie, abus, femmes… Dix mots pour comprendre le pontificat du pape François


Jorge Mario Bergoglio, élu pape le 13 mars 2013, au Vatican.

« Ce sera un désastre. » Ces mots, prononcés le 13 mars 2013 par le cardinal slovène Franc Rodé et rapportés par le journaliste Frédéric Mounier dans sa biographie du pape François (Le Pape François. Une vie, Presses du Châtelet, 300 p., 26 euros), reflétaient l’état d’esprit d’une partie non négligeable des prélats catholiques en ce jour historique.

Le collège des cardinaux électeurs venait alors d’élire le premier pape jésuite de l’histoire, le premier pape non européen depuis Grégoire III (VIIIe siècle) et le premier issu du continent américain. Pour beaucoup, Jorge Mario Bergoglio, qui avait construit la majeure partie de sa « carrière » loin des arcanes du Vatican et parlait très mal italien, n’était pas taillé pour le rôle.

Pourtant, dix ans plus tard et malgré des rumeurs de démission qui courent depuis plusieurs années, François est toujours là. A 86 ans, diminué par un genou douloureux et les suites d’une opération au côlon en décembre 2021, il continue de voyager, de s’adresser au 1,345 milliard de catholiques du monde (presque cent millions de plus qu’il y a dix ans) et de gouverner une Eglise en chantier.

Et il n’est pas certain que cela change tout de suite. La renonciation d’un pape « ne doit pas devenir une mode », a-t-il ainsi prévenu dans un entretien publié mi-février par la revue La Civilta cattolica. Mais qu’a-t-il accompli durant ces dix ans ? Le Monde des religions a choisi de regarder dans le rétroviseur du pontificat de François à travers dix mots qui l’ont particulièrement marqué.

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1. Surprise : le pape que l’on n’attendait (presque) pas

En ce mois de mars 2013, Jorge Mario Bergoglio était loin d’être un inconnu. Archevêque de Buenos Aires depuis 1998, cardinal depuis 2001, il fut aussi membre de plusieurs organes de la Curie, le gouvernement de l’Eglise. Surtout, selon une information relayée par plusieurs sources et non démentie à ce jour, il était le finaliste du conclave de 2005 face à Joseph Ratzinger, futur Benoît XVI.

« Personne ne s’attendait à lui »

Pourtant, en mars 2013, beaucoup pensaient que ses chances étaient derrière lui. Agé de 76 ans, il faisait certes partie de la dizaine de candidats jugés les plus crédibles. Mais l’immense majorité des commentateurs le plaçaient loin derrière l’Italien Angelo Scola, favori, le Brésilien Odilo Scherer, soutenu par la Curie, ou le Canadien Marc Ouellet, par exemple. « Personne ne s’attendait à lui. Je le connaissais, bien sûr, mais je ne l’avais pas pris en considération et mon étonnement a donc été très grand », confiera plus tard Benoît XVI au journaliste Peter Seewald (Benoît XVI. Une vie, Chora, 2022). Jorge Mario Bergoglio lui-même, aux dires de plusieurs témoins, ne s’y attendait pas, riant au nez de ses proches qui en avaient émis l’hypothèse avant le conclave.

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