Dans les start-up françaises, l’euphorie des recrutements est terminée


Un robot de livraison autonome de colis de la start-up Twinswheel, le 23 novembre 2022, à Paris.

En consultant le site Layoffs.fyi, qui fait référence pour examiner l’étendue des licenciements dans le secteur de la technologie à l’échelle mondiale, on pourrait penser que la France a été très largement épargnée. Seulement une dizaine de compagnies hexagonales ayant tranché dans leurs effectifs sont répertoriées, pour un montant total de moins de 1 000 emplois.

En tête de liste arrive la start-up Meero, avec 350 suppressions de postes, soit 50 % de ses effectifs. Suivent Jellysmack et PayFit (près de 200 emplois chacune, 20 % des effectifs) et Back Market (moins de 100 emplois, 13 %). Le bilan est cependant incomplet et un peu plus sombre. N’apparaît pas, par exemple, le plan de départs volontaires annoncé par OpenClassrooms, lancé en avril et qui vise à réduire d’un quart ses équipes (environ 500 personnes).

Dans un rapport publié le 4 mai par Numeum, l’organisation professionnelle de l’écosystème numérique en France, donne des chiffres plus inquiétants. La dynamique du secteur connaît une inflexion notable en avril, avec un nombre de start-up qui créent des emplois en forte chute (– 69 %), alors que le nombre de celles qui licencient progresse (+ 50 %), observe-t-elle. Après trois mois consécutifs de créations nettes d’emplois, les jeunes pousses tricolores auraient supprimé plus de 3 600 postes en avril, pour aboutir à un total d’environ 274 000 salariés. Numeum rappelle toutefois que le volume des effectifs au sein de ces sociétés avait crû de 15 % en 2022.

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Un facteur explique en grande partie cette contraction du marché de l’emploi : les conditions de financement se sont compliquées ces derniers mois dans l’Hexagone pour les start-up, les obligeant à être plus regardantes sur leurs dépenses, notamment sur leur masse salariale. Selon le baromètre In Extenso Innovation Croissance/ESSEC Business School, le montant des levées de fonds a baissé de 57 % au premier trimestre 2023, par rapport à la même période de 2022. Pour certaines filières, comme la fintech ou les logiciels, le ralentissement est même encore plus brutal (respectivement – 83 % et – 86 %).

Davantage de rationalité

« Dans bon nombre de sociétés françaises de la tech, les réductions d’effectifs se sont faites à l’étranger, dans les pays qui sont ne sont plus considérés comme prometteurs à court terme », précise Franck Sebag, associé au sein du cabinet EY. Paul-François Fournier, directeur exécutif de Bpifrance, essaie de relativiser : « On n’est pas du tout dans un phénomène de la même ampleur qu’aux Etats-Unis, mais davantage dans un mécanisme d’ajustement. Pour les entrepreneurs, il s’agit d’allonger l’horizon de disponibilité du cash. » Selon lui, ce sont surtout les firmes en hypercroissance, ayant massivement embauché ces deux dernières années, qui sont concernées.

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