Débat sans fracas ni vainqueur entre les colistiers de Trump et Harris


Les candidats à la vice-présidence, le républicain J.D. Vance (à gauche) et le démocrate Tim Walz, lors de leur débat télévisé, le 1ᵉʳ octobre 2024, à New York.

Leur grand oral était attendu tel un test de crédibilité au plus haut niveau politique. A trente-cinq jours de l’élection présidentielle américaine, J.D. Vance et Tim Walz, les colistiers de Donald Trump et de Kamala Harris, sont sortis de l’ombre sur un plateau de la chaîne CBS, mardi 1er octobre. A l’occasion d’un débat dense, focalisé sur le quotidien des Américains, le sénateur de l’Ohio et le gouverneur du Minnesota ont présenté un contraste de style, tout en essayant d’apparaître affable et rassurant. Personne ne s’est détaché. Chacun s’en est retourné, satisfait, vers les siens, dans un champ politique ultrapolarisé, où il ne reste plus grand monde à persuader.

J. D. Vance fut d’une habileté si calculée et d’une roublardise si apparente qu’elles le privèrent de naturel et d’une densité humaine. Tim Walz, lui, démarra péniblement. Comme un étudiant pris au piège de ses fiches de révision, les yeux ronds, il sembla parfois obsédé par ses argumentaires thématiques, au lieu de démontrer la spontanéité qui a fait sa réputation.

Les échanges ont été marqués par un effort de civilité et quelques convergences étonnantes, comme sur les dégâts des délocalisations. Ils se sont conclus par une poignée de main chaleureuse, en présence des épouses des deux hommes. Juste un débat poli, à l’ancienne ? Il n’y a rien de banal, pourtant, dans la troisième campagne de Donald Trump, inculpé pour tentative de coup d’Etat, condamné au pénal pour falsification de documents comptables, menacé d’emprisonnement. Une dimension judiciaire jamais mentionnée mardi soir.

Aucun public n’avait pris place devant les deux orateurs, dont le micro n’était pas coupé lorsque l’autre parlait. Le débat a débuté par la politique étrangère, un fait rare. L’actualité du jour le justifiait, avec les frappes iraniennes contre Israël. « En réalité, Donald Trump a assuré la stabilité dans le monde », a expliqué J. D. Vance. Mais les deux hommes ne s’appesantirent guère. L’Ukraine ne fut pas mentionnée, l’OTAN non plus, pas plus que la Chine, si ce n’est sur un point : les approximations répétées de Tim Walz sur son voyage dans ce pays, au moment de la répression, place Tienanmen, en 1989. Le gouverneur fut d’une maladresse criante. S’il avait moins fui la presse depuis la convention démocrate de Chicago, fin août, il aurait peut-être travaillé sa repartie.

Walz renvoyé au bilan de Biden

J. D. Vance, lui, se nourrit de l’adversité, d’un ton égal et d’un débit rapide. Le colistier de Donald Trump se distingue par un mélange d’agressivité et de discipline. Il l’a une nouvelle fois démontré mardi, en renvoyant Tim Walz au bilan de l’administration Biden-Harris de façon systématique. Le sénateur de l’Ohio a même feint l’empathie : « Votre boulot est difficile. (…). Vous devez prétendre que Donald Trump n’a pas obtenu une inflation plus basse, ce qu’il a fait évidemment, et puis vous devez en même temps défendre Kamala Harris pour son bilan économique atroce, qui a rendu l’essence, les denrées alimentaires et le logement hors de prix pour les citoyens américains. »

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