EDITO. Le Rassemblement national, grand absent de la mobilisation contre la réforme des retraites


Jeudi 19 janvier : journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Tous les syndicats et tous les partis qui s’opposent au texte du gouvernement descendent dans la rue… sauf un.

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Il y a un absent de poids dans cette mobilisation : le Rassemblement national. Le parti d’extrême droite se pose en porte-parole des catégories populaires et fustige le projet du gouvernement, mais il brille par son absence. Marine Le Pen, qui se veut la première opposante à Emmanuel Macron, passe même toute la semaine en Afrique, pour un déplacement au Sénégal.

Il est vrai que les retraites, ce n’est pas son sujet préféré. Durant la campagne présidentielle, la candidate du RN a longtemps prôné le retour à la retraite à 60 ans pour tous, avant de faire volte-face et de la réserver à ceux qui ont commencé à travailler tôt… sans que l’on comprenne bien comment elle financerait le système. En fait, ce malaise sur le dossier des retraites illustre les difficultés récurrentes auxquelles elle se heurte dès qu’un enjeu social domine le débat politique. 

Les paradoxes du RN

Sur ce terrain, le FN devenu RN a dit tout et son contraire. Il fut longtemps ultra-libéral, Le Pen père se voulait “le Reagan français” et préconisait la suppression de l’impôt sur le revenu. Puis le parti FN a pris un virage social dans le discours pour surfer sur la colère de l’électorat populaire, mais sans exiger dans son programme des efforts supplémentaires des catégories privilégiées pour mieux répartir les richesses. Il y a quelques jours, l’insoumis François Ruffin a ainsi interpellé Marine Le Pen à l’Assemblée en soulignant qu’elle ne préconise jamais de taxation supplémentaire des profits des grandes entreprises ou des dividendes versés aux actionnaires. Autre constante du RN : une hostilité absolue envers tous les syndicats, pourtant en pointe dans les mobilisations.

Ce qui n’empêche pas Marine Le Pen d’être en tête chez les ouvriers et employés, on l’a encore vu à la présidentielle. Pour surmonter ce paradoxe, elle use toujours de la même tactique : renvoyer dos à dos une réforme du gouvernement jugée “injuste” et les actions de blocage des syndicats quand elles durent, pour essayer de récupérer à la fois la colère des salariés et celle des usagers. Et s’il y a des violences en marge d’une manifestation, elle fustigera le désordre et s’affichera en opposante raisonnable, et silencieuse, à l’Assemblée. Pour le RN, sur les retraites, une image muette vaut mieux qu’un long discours.





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