Emmanuel Macron en campagne pour son bilan

C’est la nouvelle stratégie de l’Elysée : en marge de déplacements officiels, annoncés, balisés, où systématiquement depuis plusieurs semaines Emmanuel Macron est accueilli par des casseroles, le président débarque dans un lieu choisi au dernier moment, littéralement en sortant de l’avion. Un contrepied assumé par la présidence, pour prendre de court les opposants à la réforme des retraites et permettre au chef de l’Etat de discuter directement avec des Français. 
 
Ces images sont utiles pour l’Élysée : à l’opposé des casserolades et des manifestations, elles montrent des citoyens sur un marché qui, au hasard d’un étalage, se retrouvent nez à nez avec le président. Très peu de sécurité visible, à peine une caméra, et un dialogue qui s’engage… Les dernières visites surprises, à Dôle ainsi qu’à Pérol, ont permis de voir des échanges souvent naturels puisque non préparés, parfois fermes voire critiques, mais jamais hostiles. Pour l’Elysée l’image est parfaite : un président au contact, qui n’a pas l’air d’avoir peur. Une manière de tenter de casser l’image d’un Emmanuel Macron isolé et cloîtré, image qu’il avait donnée ces derniers mois en ne mettant presque pas le pied sur le terrain.

L’exercice est quand même risqué 

C’est sans filet, mais c’est le pari de l’Elysée : “Spontanéité et sincérité”, nous confie l’un des proches du président. Mais en effet, cela peut être risqué. Si aujourd’hui en Charente-Maritime ou un autre jour, Emmanuel Macron se retrouvait, par hasard face à des Français très remontés, s’il était contraint de repartir sous les huées, l’image serait alors catastrophique. C’est d’ailleurs ce risque qui fait qu’une partie de l’entourage du président n’était pas du tout pour cette idée au départ.
 
Le retour sur le terrain a été, étonnamment, plutôt poussé par les anciens conseils et collaborateurs du président, ceux qui avaient déjà eu à gérer son retour sur le terrain après le Covid. Mais sur le fond, si ces sorties impromptues sont bonnes en termes d’image pour lui, elles sont aussi nécessaires : depuis le début de son mandat, Emmanuel Macron reste le meilleur VRP de sa politique. Aucun ministre ne pèse autant que lui, et c’est d’ailleurs pour cela que lors de ces échanges on entend le président vendre ici les prothèses auditives gratuites, là le tiers-payant, ou encore le soutien aux entreprises et aux salariés lors de la pandémie… 
 
Après six ans au pouvoir et sans possibilité de se représenter, Emmanuel Macron est comme reparti en campagne, cette fois pour son bilan. Après l’épisode des retraites qui ne se calme pas vraiment, c’est la seule chance qu’il ait de reprendre la main sur ses quatre dernières années à l’Elysée.