En Allemagne, les honneurs rendus à Angela Merkel critiqués au sein de la CDU


Le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, lors de la remise de la grand-croix de classe spéciale de l’ordre du Mérite à l’ancienne chancelière allemande Angela Merkel, le 17 avril 2023 à Berlin.

Pendant son long règne à la tête du gouvernement allemand (2005-2021), Angela Merkel dut souvent batailler davantage contre son propre camp que contre ses adversaires politiques. Depuis son départ du pouvoir, les choses n’ont pas changé, comme l’ont rappelé, lundi 17 avril, les réactions suscitées par la remise à l’ex-chancelière de la grand-croix de classe spéciale de l’ordre du Mérite par le président de la République fédérale, le social-démocrate Frank-Walter Steinmeier.

Vice-président de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), le parti qu’Angela Merkel dirigea de 2000 à 2018, Carsten Linnemann n’a pas mâché ses mots. « Bien sûr que Mme Merkel a eu de grands mérites, notamment au plan international. Mais elle a aussi commis des erreurs éclatantes », a déclaré l’ancien porte-parole des PME au sein du parti, lundi, sur la chaîne NTV.

Parmi ces « erreurs », M. Linnemann a cité la politique migratoire de l’ancienne chancelière lors la crise des réfugiés de 2015, « qui a empêché que nos frontières soient protégées », mais aussi son choix de sortir du nucléaire après la catastrophe de Fukushima, en 2011. Une décision prise « sans dire comment nous allions nous approvisionner en énergie de manière plus ou moins autonome », a déploré le vice-président de la CDU, qui s’exprimait deux jours après la fermeture des trois dernières centrales nucléaires du pays encore en activité.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés L’Allemagne dit adieu à ses dernières centrales nucléaires

« Plus grosse erreur politique depuis 1945 »

« Remettre la grand-croix à Angela Merkel un an et demi après la fin de son mandat est une faute », a également estimé le président de la commission des valeurs fondamentales de la CDU, Andreas Rödder, dans une tribune au quotidien Tagesspiegel. Chargé de piloter la rédaction du nouveau programme du parti, prévu mi-juin pour remplacer le précédent, qui date de 2007, ce professeur d’histoire à l’université de Mayence reproche notamment à l’ex-chancelière d’avoir fait « reposer la prospérité sur des aides publiques que l’Etat ne pourra pas assurer à long terme » et de s’être montrée trop bienveillante envers la Russie, « la plus grosse erreur de politique étrangère depuis 1945 ».

Pour la remise de sa grand-croix classe spéciale – un grade que seuls ont reçu avant elle ses prédécesseurs Konrad Adenauer, en 1954, et Helmut Kohl, en 1998 –, Angela Merkel n’avait invité aucun dirigeant actuel de la CDU, à commencer par son président, Friedrich Merz, avec qui elle a toujours entretenu des relations exécrables.

Lundi, seuls quelques membres de son parti étaient présents dans la salle de réception du château Bellevue, siège de la présidence de la République, parmi lesquels Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, qui siégea dans tous ses gouvernements, ou ses anciens ministres Peter Altmaier et Thomas de Maizière. Sans oublier quelques fidèles, comme son ex-porte-parole Steffen Seibert, aujourd’hui ambassadeur en Israël, ou l’ancien entraîneur de l’équipe d’Allemagne de football Jürgen Klinsmann.

Il vous reste 38.31% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Lien des sources