En Argentine, les marges de manœuvre étroites de Javier Milei


Les partisans du président élu argentin Javier Milei célèbrent la victoire de ce dernier au second tour de l’élection présidentielle, à Buenos Aires, le 19 novembre 2023.

Il n’a pas dormi de la nuit après sa victoire au second tour de la présidentielle argentine, avec 55,7 % des suffrages. La voix encore enrouée, l’ultralibéral Javier Milei a multiplié, lundi 20 novembre au matin, les interviews aux principales radios du pays, l’occasion de préciser certaines de ses mesures et, parfois, leur calendrier.

Tout le monde espérait qu’il dévoile le nom du ou de la ministre de l’économie, un poste crucial au regard de son programme. Il n’en a rien été. Javier Milei, reclus dans un hôtel du centre-ville qui lui sert de QG, a reçu ses proches et ses alliés, comme l’ancien président Mauricio Macri (centre droit, 2015-2019). Une rencontre attendue avec le président sortant, Alberto Fernandez, n’avait toujours pas eu lieu lundi soir.

Ce jour-là était férié en Argentine et les banques étaient fermées. La ville semblait plongée dans un état de torpeur après l’ébullition de la veille. A l’étranger, les marchés financiers ont réagi avec jubilation à l’annonce de l’élection du candidat ultralibéral. Les actions de certaines entreprises argentines à Wall Street ont ainsi bondi de 40 %.

Promesse d’en finir avec l’inflation

La situation économique est tout sauf simple. En dix ans, pas moins de neuf ministres de l’économie et six présidents de la banque centrale s’y sont cassé les dents. Elu sur la promesse d’en finir avec l’inflation (143 % sur un an), Javier Milei a assuré qu’il faudrait entre un an et demi et deux ans pour la « détruire ». Ses deux principaux leviers pour y parvenir sont une discipline fiscale zélée et le remplacement de la monnaie nationale, le peso, par le dollar. Une mesure que Guido Zack, directeur de la section économie du cercle de réflexion Fundar, estime « d’autant plus inapplicable que les réserves de monnaie américaine sont aujourd’hui négatives ». Pour « dollariser », estime-t-il, l’Argentine devrait obtenir un prêt d’au moins 40 milliards de dollars (36,5 milliards d’euros), alors qu’elle en doit encore plus au Fonds monétaire international.

Corollaire de cette dernière mesure : la suppression de la banque centrale, responsable, selon Javier Milei, de l’inflation, en raison d’une émission monétaire trop abondante. Sa fermeture relève d’une « consigne morale », a-t-il proclamé. « Il s’agit d’une idée farfelue », estime M. Zack, qui rappelle : « Le seul pays à l’avoir fait est la Micronésie. Les autres pays à avoir “dollarisé”, comme le Salvador ou l’Equateur, ont conservé leur banque centrale, sans parler des pays européen qui ont adopté l’euro. »

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