En Biélorussie, un climat de terreur généralisé


Des policiers passent devant un bouquet de drapeaux biélorusses à Minsk, le 20 juillet 2022.

Depuis sa réélection contestée en août 2020 à la présidence de la Biélorussie, Alexandre Loukachenko a montré qu’il était prêt à tout pour garder le pouvoir, sa seule obsession. Le dictateur, à la tête de cette ancienne république soviétique depuis 1994, est allé jusqu’à détourner un avion de ligne pour arrêter un journaliste d’opposition, orchestrer une gigantesque crise migratoire aux frontières de l’Europe et laisser le président russe, Vladimir Poutine, à qui il doit sa survie politique, utiliser son territoire pour envahir l’Ukraine le 24 février 2022.

Vassalisé par le chef du Kremlin, le maître de Minsk a également donné son accord, en mars, à l’installation d’ogives nucléaires russes en Biélorussie. « Le transfert des charges nucléaires a commencé », a assuré M. Loukachenko, jeudi 25 mai, sans préciser si les armes en question étaient déjà arrivées. Une perspective à laquelle 74 % de la population biélorusse est hostile, selon une enquête publiée par le centre de réflexion Chatham House, basé à Londres.

Face au soulèvement populaire sans précédent qui a suivi sa réélection frauduleuse, Alexandre Loukachenko a usé d’une violence indiscriminée. La révolution a été matée, la presse indépendante muselée, la société civile détruite, et des milliers de personnes ont été emprisonnées ou forcées à l’exil.

Près de trois ans ont passé depuis le scrutin présidentiel, mais la répression se poursuit, à huis clos. Le vent de liberté qui avait soufflé à l’été 2020, lorsque des dizaines de milliers de personnes étaient descendues dans la rue pour réclamer des élections libres et démocratiques, a laissé place à un climat de terreur où le silence est devenu la règle. « Les gens sont si effrayés qu’ils n’osent plus témoigner. C’est frappant par rapport à 2020 », remarque le professeur de droit Hervé Ascensio, auteur d’un rapport sur la situation en Biélorussie, publié en mai par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Plus de 1 500 prisonniers politiques

Le Monde a pu recueillir le témoignage de plusieurs Biélorusses, qui résident toujours dans leur pays. Ils décrivent une répression d’une brutalité jamais vue depuis des décennies, à base d’arrestations arbitraires, de surveillance généralisée, de propagande orwellienne et de peines de prison très lourdes. Un système qui étouffe toute velléité de contestation et pousse la population à se recroqueviller sur elle-même ou, pour une minorité, à poursuivre la résistance clandestinement, comme au temps de l’URSS.

Il vous reste 66.82% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Lien des sources