« En matière de parité, l’Islande bat tous les records »


« Je suis forte ! Je suis courageuse ! Je suis puissante ! » Encouragées par leur maîtresse, les petites élèves de maternelle crient ces mots, tout en lançant des bûches. Elles occupent la moitié de la cour, l’autre étant réservée aux garçons – ce qui évite que ces derniers ne monopolisent la totalité de l’espace central et relèguent les filles dans les coins, comme dans la plupart des écoles. Du foot à la poupée, qu’ils soient catalogués comme masculins ou féminins, les jeux sont ici pratiqués indifféremment par tous les enfants.

Cette école islandaise applique le modèle éducatif Hjalli, comme seize autres dans le pays. Diffusé récemment sur France 24, un documentaire de la journaliste Mélina Huet révèle comment ces établissements s’appliquent à ne pas enfermer les enfants dans les stéréotypes de genre. Margret Pala Olafsdottir, la pédagogue qui a développé cette méthode, a été décorée par le gouvernement pour sa contribution à la construction d’une société plus paritaire.

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De fait, l’Islande bat à peu près tous les records en la matière. Elle caracole depuis plus de dix ans en tête du classement sur l’égalité femmes-hommes du Forum économique mondial. Son Parlement est le plus féminin d’Europe, avec 47,6 % d’élues. Le taux d’emploi des Islandaises est très élevé (77,5 % en 2021, contre 67,5 % dans la zone euro), et le congé parental est pris quasiment à parts égales entre les deux parents.

Lois contraignantes

Mais quel est donc le secret de l’île volcanique ? Chaque année, à l’approche de la Journée internationale du droit des femmes du 8 mars, tous les regards se tournent vers l’Islande pour tenter de le percer. « Beaucoup de facteurs entrent en jeu », éclaire Eliza Reid, sa première dame, qui publie justement l’ouvrage sur la question Les Secrets des Sprakkar. Ces femmes qui changent le monde (Michel Lafon, 288 pages, 19,95 euros). « Le principal d’entre eux est la conscience largement partagée que travailler vers plus d’égalité profite à tous. Que ce n’est pas pour les femmes au détriment des hommes, mais un progrès déterminant pour bâtir une société meilleure pour l’ensemble de ceux qui y vivent. »

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En Islande, cette conscience est ancienne et tient sans doute en partie au faible nombre d’habitants (370 000), relativement homogène. Mais pas seulement. Ses lois sont aussi bien plus contraignantes qu’ailleurs. Depuis 2018, les entreprises islandaises de plus de 25 salariés comme les administrations sont en effet contraintes de respecter une norme d’égalité salariale à travail égal. Un organisme indépendant vérifie qu’elles répondent aux critères définis par la loi et leur accorde une certification, à renouveler tous les trois ans. Celles qui ne les respectent pas encourent une amende de 50 000 couronnes (330 euros) par jour, au plus. Un système bien plus efficace que l’index Pénicaud en vigueur en France, peu contrôlé et facilement contournable.

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