Entre Emmanuel Macron et sa majorité relative, le doute s’installe


Emmanuel Macron et la présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, Aurore Bergé, au Salon de l’agriculture, à Paris, le 25 février 2023.

Entre Emmanuel Macron et sa majorité relative, la magie n’opère plus. Encore désarçonnés par l’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution sur la réforme des retraites, les 251 députés de Renaissance, du MoDem et d’Horizons n’ont pas été totalement convaincus par les dernières sorties du président de la République, à commencer par ses interventions télévisées – le 22 mars et le 17 avril.

Un an après sa réélection, les soutiens du chef de l’Etat doutent de sa capacité à s’adapter à l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale et à répondre à la contestation sociale persistante. Face aux critiques, et malgré les concerts de casseroles qui se multiplient à chacune de ses sorties et à celles de ses ministres, le chef de l’Etat assume de repartir au contact des Français. Pour lui, l’« erreur » a été de « ne pas avoir porté la réforme [lui]-même ». « Je dois me réengager dans le débat public parce qu’il y a des choses qui ne sont pas claires », avance-t-il dans un entretien au Parisien, dimanche 23 avril.

Pour Nadia Hai, députée Renaissance des Yvelines, le président de la République est « pris en étau entre la nécessité de continuer à réformer et une colère qui s’exprime à travers une crise multifactorielle ». La première ministre, Elisabeth Borne, doit présenter un nouveau programme législatif et réglementaire au cours d’une conférence de presse, mercredi. Mais dans son interview, dimanche, M. Macron a déjà confirmé vouloir « un seul texte » sur l’immigration.

Un exécutif « en lévitation »

« Il faut repartir à la base, comme en 2017, pense le député MoDem du Haut-Rhin Bruno Fuchs. On a cent jours pour coconstruire un programme solide pour les quatre prochaines années et y associer les gens qui sont déçus pour l’instant. » En attendant, nombreux sont les députés Renaissance à préférer garder l’anonymat pour évoquer le « trou d’air », le « flottement » ou encore l’« amateurisme » d’un exécutif qui serait « en lévitation » depuis plusieurs semaines, par crainte de s’attirer la foudre de certains collaborateurs de l’Elysée, du gouvernement ou du groupe parlementaire, qui traquent la moindre citation critique émise dans la presse.

Si la réforme des retraites et l’utilisation du 49.3 ont mis en lumière le fossé qui s’est creusé entre le chef de l’Etat et ses députés, celui-ci est latent depuis la campagne des élections législatives de juin 2022. Sous l’autorité de Mme Bergé, les macronistes n’hésitent plus à s’affranchir du veto de l’exécutif. Le député Renaissance du Val-de-Marne Frédéric Descrozaille se dit ainsi « reconnaissant » envers sa présidente de groupe de l’avoir soutenu face au scepticisme de Bercy au sujet de sa proposition de loi qui modifie les relations entre les industriels et les distributeurs, adoptée le 22 mars. « Elle est loyale à l’exécutif, mais ce n’est pas de la soumission », affirme-t-il. « Aurore [Bergé] a su créer un collectif dans le groupe, elle le défend, le fait exister », abonde le président de la commission des affaires européennes, Pieyre-Alexandre Anglade.

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