faudra-t-il arriver à zéro tonne de carbone par personne ?


Une manifestation pour le climat à Berlin, en Allemagne, en 2021

Ce billet est extrait de l’infolettre « Chaleur humaine », envoyée tous les mardis à 12 heures. Chaque semaine, le journaliste Nabil Wakim, qui anime le podcast Chaleur Humaine, répond aux questions des internautes sur le défi climatique. Vous pouvez vous inscrire gratuitement ici :

« J’ai une question qui me turlupine souvent, c’est quand vous parlez de l’objectif de zéro émission nette à l’horizon 2050. Je n’arrive pas vraiment à comprendre comment c’est possible. Car même en train on émet du CO2. On aura toujours besoin de prendre l’avion (les chercheurs pour aller dans les pôles, par exemple). Je ne crois pas que planter des arbres pourrait suffire à compenser les émissions, même si on diminue drastiquement notre consommation. Est-ce que vous pourriez nous expliquer cela ? J’imagine que c’est très bien expliqué dans un des rapports du GIEC, mais je n’ai pas le courage de les lire en entier… » (Une question posée par Emilie à l’adresse [email protected])

Ma réponse : L’objectif de zéro émission « nette » en 2050 ne veut pas dire zéro tonne de carbone par habitant, mais plutôt qu’il va falloir compenser les émissions d’origine humaine que nous ne pourrons pas arrêter. Donc oui, si on suit la trajectoire de l’accord de Paris sur le climat, nous allons continuer à émettre un peu, mais il faudra cantonner nos usages des énergies fossiles aux secteurs qui sont vraiment essentiels et impossibles à décarboner, et qu’on soit capable de compenser ces émissions, de manière naturelle ou de manière industrielle.

1/Pourquoi parle-t-on de « neutralité carbone » ?

Les experts de l’Organisation des Nations unies (ONU), du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et de très nombreuses institutions utilisent l’expression de neutralité carbone en 2050 comme objectif climatique. La formule figure également dans l’accord de Paris sur le climat. La France, l’Union européenne et la plupart des pays développés ont également adopté cet horizon. Au sens strict du terme, la neutralité carbone est la situation dans laquelle les émissions de CO2 causées par les humains sont compensées à l’échelle de la planète par l’absorption du CO2 par les milieux naturels (forêts, sols, zones humides, etc.). Autrement dit : on émet autant que ce que la planète peut compenser pour nos émissions. Certaines définitions ajoutent la possibilité de capturer du carbone dans l’atmosphère (par exemple à la sortie d’une centrale à charbon ou au gaz), mais ce procédé n’est pas encore déployé à l’échelle industrielle et fait l’objet de controverses (vous pouvez lire à ce sujet un très bon article de ma consœur Audrey Garric ici).

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