François Léotard et moi



J’ai un souvenir, disons, très personnel, de François Léotard. En 1986, alors qu’il était ministre de la culture et de la communication de Jacques Chirac, il avait décidé de privatiser TF1, alors plus grande chaîne publique d’Europe. Une décision absurde, aux conséquences hélas prévisibles. À Télérama, où je travaillais alors, nous menions le combat contre cette aberration, réunissant des dizaines de milliers de signatures autour de notre manifeste « Sauvons le service public ! ». J’ai même rencontré Jacques Chirac, pour tenter de le convaincre. En vain : la loi de privatisation a été votée.

Peu après, François Léotard a été invité à l’émission phare de l’époque, « L’heure de vérité ». Histoire de pimenter l’exercice, François-Henri de Virieu m’a proposé de m’infiltrer en douce sur le plateau. Au milieu de l’émission, il m’a donné la parole pour dire, haut et fort, tout le mal que je pensais de cette privatisation. François Léotard m’a répondu avec une certaine condescendance, pour ne pas dire un certain mépris, comme quoi je ne comprenais rien à la modernité. Je lui ai répondu à mon tour, en enfonçant le clou. François-Henri de Virieu a alors demandé aux téléspectateurs de voter en direct : qui, de François Léotard ou de votre serviteur, les avait convaincus ? Disons la vérité : je l’ai emporté, haut la main. Ça ne servait à rien. Mais ça faisait du bien. François Léotard a bien changé par la suite. N’empêche que, hein, à « L’heure de vérité »…



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