Freeride World Tour : le report de l’Xtreme Verbier, un casse-tête pour l’organisation et les riders



Alors que mardi semble être désigné comme le nouveau jour J, le directeur technique et juge principal Laurent Besse reste prudent : « ça demandera beaucoup d’efforts et d’énergies pour sécuriser le Bec de Rosses mardi. Le vent et la neige, ça induit des risques élevés d’avalanches. Nous nous devions d’essayer ce samedi matin, ça n’a pas réussi. On fera tout pour que l’étape se déroule ce mardi, mais il n’y a rien de sûr. Il y a aussi l’option de changer de face, voire de montagne. Mais si on doit annuler pour des raisons de sécurité, on le fera. »

S’assurer de la qualité de la neige ou réduire le risque d’avalanche, tel est le rôle de l’ancien snowboardeur, au service de la sécurité. « Nous devons nous adapter aux riders qui vont beaucoup plus vite qu’avant. On provoque des avalanches avant l’étape, on essaye de voir où peuvent se trouver les rochers cachés sous la neige. Mais à ce niveau, au FWT, là où l’élite mondiale s’affronte, ce n’est plus à nous de leur dire où ils peuvent aller ou non. »

Dame nature n’est pas totalement prévisible

Désormais aidée par les dernières avancées technologiques, l’organisation connaît en amont les « fenêtres » disponibles (les périodes où la météo serait optimale). Mais, comme ce samedi, Dame nature n’est pas totalement prévisible. « À Verbier, on a dû annuler car les nuages se sont accrochés aux sommets rendant la visibilité quasiment nulle, détaille Laurent Besse. C’est difficile à prévoir. » Et le réchauffement climatique n’aide pas. « Par rapport à 2008 et le début du FWT, c’est plus difficile. Il y a moins de neige, plus de vent, un facteur que l’on n’avait pas trop avant. »

Avec cinq étapes dans la saison dont quatre en Europe, l’organisation prévoit ses dates à l’avance, selon les spécificités géographiques. « Par exemple, au Canada, la face que l’on utilise est orientée vers le Sud, ajoute Besse. On y va tôt dans l’année pour avoir la meilleure neige possible. À l’inverse, le Bec de Rosses est un gros tas de caillou, on doit faire l’étape à la fin de l’année car on a besoin de toute une saison de neige. »

« J’ai dit aux membres de ma famille que ça ne valait pas le coup de venir »

Si théoriquement les conditions sont optimales en fin de saison à Verbier, les riders ont tout de même patienté toute la matinée – tout comme l’organisation et les médias – à 3 000 m d’altitude, pour redescendre bredouille. Tout sauf une surprise, la rumeur d’un report tournait déjà dans le petit village suisse. « On savait que la probabilité de courir était faible, explique Ludovic Guillot Diat, prétendant au titre de champion du monde de snowboard. J’ai dit aux membres de ma famille que ça ne valait pas le coup de venir, qu’il y avait très peu de chances que je ride aujourd’hui. »

Néanmoins, pas question pour lui de relâcher la pression. « On est formaté pour courir depuis deux jours avec Oscar (Mandin, 6e du général en ski chez les hommes). Tout a été fait comme si on allait courir, je me suis échauffé, je visualisais mes runs. Ce n’est pas forcément le cas de tout le monde. » Alors que cette étape pourrait signifier le premier sacre mondial de sa carrière, le report ne semble visiblement pas l’affecter : « Depuis la deuxième étape où je gagne (en Andorre), je suis orienté vers ce titre. Forcément, tu es déçu quand tu apprends la nouvelle. Mais il faut tout de suite se remettre dedans. »

Un impact sportif important

Avec ces multiples reports – lors de la dernière étape à Fieberbrunn, en Autriche, les riders ont attendu une semaine pour avoir une bonne fenêtre météo -, la qualité de la neige et les lignes peuvent être impactées. L’organisation du FWT interdit d’ailleurs la pratique des faces deux semaines avant le début de la compétition, pour préserver une neige « pure » et non cassée. « La neige, quand elle a été bougée, est plus dure et ça impacte le côté sportif, précise Besse. D’où cette interdiction. »

Selon les conditions climatiques, l’ordre de passage peut également impacter la performance, comme l’a vécu Guillot-Diat lors de l’étape à Fieberbrunn : « En Autriche, j’étais un peu celui qui a ouvert la montagne. C’était plus simple pour les autres derrière, j’avais créé des lignes qui offrent une meilleure visibilité. À Verbier, je serai le dernier à m’élancer dans ma catégorie. Ça change pas mal de choses. » Avec ces multiples reports, la saison est longue pour des riders qui maintiennent un niveau de pression constant. « Je me sens en forme, mais à tout moment je m’écroule une fois que c’est terminé. Pour l’instant, je suis dans le jus. »

Rendez-vous (officiellement) ce mardi matin pour l’ultime étape du Freeride World Tour. Ce sont les hommes qui débuteront.



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