« Grand marin » de Dirana Drukarova, pêcheuse d’Islande



Grand marin **

de Dirana Drukarova

Film français, 1 h 23

Lili est une solitaire qui a largué les amarres et cherche à embarquer sur des chalutiers en Islande. Novice, sans papiers et femme, sa candidature spontanée est accueillie fraîchement par les machos du grand large. Finalement, Ian, le patron du Rebel, accepte de la prendre à bord malgré les réticences de l’équipage qui fait sentir à l’impétrante, frêle en apparence, qu’elle ne fera pas le poids.

À bord, on ne lui fait aucun cadeau. Pas de place pour elle sur les couchettes. Elle doit dormir à même le sol humide et mouvant dans son sac de couchage et exécuter les mêmes tâches que les hommes. À elle de s’imposer, si elle ne veut pas être débarquée.

Le capitaine, qui la surnomme « Moineau », la prend sous son aile, tout en la rudoyant comme les autres. Passé les premiers jours, Lili, vacillante mais déterminée, finit par être acceptée et par gagner le respect général, sans jamais révéler ce qui l’a conduite à se jeter dans cet enfer sur la mer.

Tourné en scope par le chef opérateur Timo Salminen dans les paysages volcaniques de l’Islande, ce film sans prétention aligne les scènes impressionnantes, de nuit comme de jour, quand les pêcheurs se battent avec les éléments, encaissent des paquets de mer, glissent sur le pont, étripent des tonnes de poisson, aspergés de sang dans le roulis perpétuel. « Moineau » tient son rang dans cette usine flottante et bousculée. Mais, par inexpérience, finit par se blesser sérieusement, au point d’être évacuée. Quand elle remonte à bord, elle est définitivement adoptée.

Le chemin de la liberté

Tissé de séquences spectaculaires de grand large et de moments intimistes, ce film initiatique, aux dialogues réduits à l’essentiel, navigue sur les mystères et les non-dits de cette femme libre qui ne s’accorde pas même l’attachement d’un amour. Elle trace et fuit pour se trouver, en se confrontant au plus dur. C’est le chemin de sa liberté.

En adaptant le puissant roman de Catherine Poulain, l’actrice Dirana Drukarova signe avec sa première mise en scène une œuvre simple, sans esbroufe, dans ce décor septentrional et sauvage, âpre et brutal. Elle prête à Lili, économe de ses émotions comme de ses sentiments, ses propres traits avec une grâce légère et se fond dans le mouvement long et lent de la houle dont elle attend qu’elle la soulève pour l’emmener ailleurs, au plus profond d’elle-même.



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