Incivilités, dépôts sauvages, nuisances… À Nantes, une nouvelle «brigade de l’espace public» installée
À partir de lundi, les anciens ASVP vont désormais se promener dans les rues vêtus d’un uniforme siglé «brigade espace public». L’arrivée de voitures radars pour contrôler le stationnement vient faire évoluer leurs missions.
Le Figaro Nantes
Après une expérimentation estivale, le stationnement payant par lecture automatique de plaques d’immatriculation (LAPI) est désormais opérationnel à Nantes depuis le 2 septembre. Cette nouvelle méthode de verbalisation va laisser plus de temps aux agents de surveillance de la voie publique qui y consacraient jusqu’alors 80% de leur temps. «La création du LAPI a permis de libérer du temps et de disposer de ce temps agent pour participer à la bonne qualité de vie de l’espace public», résume Denis Talledec, conseiller municipal délégué à la prévention de la délinquance.
Incivilités, dépôts sauvages…
Jeudi matin, un point presse a été organisé au sein de la Maison nantaise de la Tranquillité Publique à propos d’une «nouvelle brigade de l’espace public». En d’autres termes, il s’agissait de la présentation de la nouvelle organisation de ces professionnels qui vont se voir confier davantage de missions. À pied, à vélo ou en transports en commun, ils seront déployés «dans tous les quartiers nantais». Bien sûr, les sujets liés au stationnement resteront d’actualité, mais sous une autre forme que la contravention d’un automobiliste qui n’a pas payé son ticket à l’horodateur. «Ils vont pouvoir intervenir pour quelqu’un qui est stationné sur une piste cyclable», cite en exemple Bassem Asseh, premier adjoint en charge de la sécurité et de la tranquillité publique. En résumé, davantage pour du stationnement gênant.
Mais leurs missions consisteront plus largement à lutter contre les incivilités du quotidien, comme les dépôts sauvages, les nuisances sonores, la circulation dans les rues piétonnes… Dans certaines situations, ils pourront sanctionner eux-mêmes. «Notre mission c’est de la prévention et de la proximité auprès des usagers. Quand ça dépasse nos compétences, on fait le relais auprès de la police municipale», détaille Cyril Vukadin, chef de la nouvelle brigade. «S’il y a une rixe ou des vols de téléphone sur l’espace public, nous faisons des signalements des individus à interpeller, puis c’est la police municipale ou nationale qui intervient». Sur ces 42 agents formés aux malveillances du quotidien, une quarantaine sera déployée sur le terrain. En uniforme, ils occuperont l’espace de 8h à 18h en hiver, et jusqu’à 20h en période plus ensoleillée.
42 agents, c’est extrêmement conséquent
Johanna Rolland, maire PS de Nantes
«Je considère que la sécurité des Nantais est une priorité», a répété Johanna Rolland devant les journalistes, rappelant l’installation de 250 caméras de vidéosurveillance, et le déploiement de 80 supplémentaires en 2024. «Ma conviction profonde, c’est que rien ne remplace jamais la présence humaine qui rassure, qui conseille, qui évite qu’une situation s’envenime», a-t-elle ajouté, pour introduire l’installation de cette brigade qui vise à «dissuader et rassurer. […] 42 agents, c’est extrêmement conséquent.» Et de poursuivre : «Vous voyez bien comment à l’échelle du pays, nous sommes dans une situation où il peut y avoir des tensions et crispations. Parfois, le fait de pouvoir agir en amont, dès qu’il y a un début de difficulté, évite une situation qui s’envenime.»
Ce dispositif devrait aussi permettre de soulager la police municipale. «Cela nous enlèvera une épine du pied, car le contrôle des stationnements gênants est aujourd’hui très chronophage dans notre quotidien, alors que nos effectifs restent assez réduits, de l’ordre de 135-140 agents», avait indiqué en janvier dernier Céline Peremarty, déléguée Force Ouvrière au sein de la police municipale de Nantes.
Neuf mois plus tard, la municipalité fait savoir que sur 185 postes de policiers municipaux créés, 142 sont pourvus. La déléguée syndicale parle elle toujours d’environ 90 postes manquants sur l’objectif annoncé par la municipalité de 235 postes remplis d’ici 2026. D’où le lancement du fameux concours de recrutement organisé au printemps dernier. «Le concours se termine. On espère 70 agents reçus et surtout, que la majorité postule à Nantes», confie la déléguée syndicale Céline Peremarty. En effet, bien qu’il se soit déroulé dans la cité des Ducs, ce concours reste d’envergure nationale. Et quand bien même tous étaient embauchés à Nantes, «on reste sur des agents stagiaires. Certes, ils vont venir gonfler nos rangs mais ils ne seront pas expérimentés. Ils seront sous la surveillance d’agents titulaires». Parmi les difficultés de recrutement, certains pointent du doigt le fait que les policiers municipaux nantais ne possèdent pas d’armes létales. Les agents de la brigade de l’espace public, quant à eux, seront dotés d’un gilet pare-balles, à partir du dernier trimestre 2024.