Jeunes et élections : désamour européen
Les jeunes en rupture avec une forme de citoyenneté européenne ? C’est l’une des leçons tirées de l’étude Ifop publiée par La Croix sur l’intérêt des 18-25 ans pour le scrutin communautaire. Certes, l’enquête montre que les électeurs de cette tranche d’âge sont plus nombreux à vouloir voter qu’en 2019, mais cette envie de participer profite essentiellement au RN. Elle souligne aussi qu’ils comptent exprimer massivement leur désaccord sur la manière dont est dirigée l’UE. Comment s’en émouvoir ? Les jeunes ne nagent pas à contre-courant de leurs aînés : ils sont traversés par les mêmes doutes et sont confrontés aux mêmes problèmes – le pouvoir d’achat, la santé, l’emploi. Leurs intentions de vote rejoignent logiquement celles de l’ensemble de la population.
En outre, on ne peut à la fois s’étonner de la façon dont ils votent et se désoler qu’ils se désintéressent de la politique. Ils s’impliquent à leur manière et choisissent leurs combats. La construction européenne est sans doute moins mobilisatrice que pour les générations précédentes. Peut-être parce qu’elle semble acquise (l’euro, les billets d’avion pas chers et Erasmus sont passés par là) ? Elle a aussi été supplantée par d’autres engagements, le climat par exemple. Après vingt-cinq ans de baisse, le taux de participation aux européennes de 2019 avait d’ailleurs bondi, notamment grâce à la mobilisation des jeunes, nombreux à voter pour les listes écologistes.
Chez la quasi-totalité de nos voisins, les 18-25 ans sont loin d’exprimer la même défiance envers Bruxelles. De très nombreuses études soulignent un fort attachement des jeunes au projet européen, dont ils louent l’apport pour leur pays mais aussi pour eux-mêmes – tandis que les Français sont les seuls à être majoritairement pessimistes sur l’avenir de l’Union. Ce désamour n’a donc rien d’une fatalité.