La chartreuse de Neuville en plein renouveau


La chartreuse de Neuville en plein renouveau

L’année 2022 a permis de sécuriser l’ensemble du monument, dont aucun bâtiment ne risque plus de s’écrouler ; 2023 devrait marquer les esprits par l’éradication de la mérule, ce champignon qui s’attaque au bois. En restauration depuis 2008, la chartreuse de Neuville, située à Neuville-sous-Montreuil (Pas-de-Calais), à une vingtaine de kilomètres du Touquet, traverse des étapes cruciales.

Au chevet de ce site gigantesque de 18 000 m2 de bâti, l’association La Chartreuse de Neuville s’emploie à faire renaître cette majestueuse architecture religieuse néogothique, datant de 1875, mais qui s’enracine dans la longue histoire de la présence de l’Ordre des Chartreux depuis la fondation du monastère en 1324. Après le départ des Pères chartreux en 1901, le vaste ensemble conventuel devint phalanstère d’artistes, sanatorium, hôpital civil, puis hospice-asile, parvenant au seuil du XXIe siècle dans un état très dégradé. « Personne n’en voulait. C’était un patrimoine trop grand, trop abîmé… », se souvient ­Alexia ­Noyon, directrice de l’association.

Rachetée à 51 % par l’association et à 49 % par des investisseurs privés en loi Monuments historiques (engagés à recéder leur bien sans plus-value à l’association devenue fondation), la chartreuse a peu à peu repris des couleurs. Autour d’un projet centré sur l’humain, l’innovation sociale et territoriale, elle accueille aujourd’hui une grande variété d’activités : des visites guidées, un centre culturel, mais aussi des séminaires d’entreprises et des activités dans le champ médico-social. Deux Ehpad, 4 classes d’instituts médico-éducatifs (IME) et un centre d’addictologie voisins sont devenus des habitués de ses hauts murs et de ses jardins.

Derrière la créativité qui émane du site se cache un travail financier original. « Nous sommes en train d’inventer un modèle, qui mêlera des activités lucratives – hôtellerie, logement intergénérationnel… –, des activités à l’équilibre et des activités d’intérêt général », explique ­Alexia ­Noyon, qui envisage à terme un budget de fonctionnement financé à 60 % par les recettes propres, 20 % de mécénat et 20 % de subventions publiques. « Nous espérons que notre expérience pourra essaimer pour permettre de sauver d’autres grands joyaux du patrimoine. » Mais pour faire revivre un tel patrimoine, « il n’y a pas de recette », insiste-t-elle. « Un monument n’est pas une simple coquille. Tout projet doit s’enraciner dans son architecture et son histoire, tout en trouvant une vision et une utilité contemporaines. »



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