la force de maintien de la paix des Nations unies fête ses 75 ans



Les Casques bleus, la force onusienne de maintien de la paix, fête lundi 29 mai ces 75 ans. Cette date marque la « Journée internationale des Casques bleus des Nations unies » en référence au 29 mai 1948 lorsque le Conseil de sécurité de la première opération de maintien de la paix : l’Organisme des Nations unies chargé de la surveillance de la trêve au Moyen-Orient (Onust).

Depuis lors, sur mandat donné par le Conseil de sécurité des Nations unies, les Casques bleus interviennent pour surveiller l’application d’un cessez-le-feu, désarmer les combattants, protéger les populations civiles ou les réfugiés, déminer ou maintenir la sécurité. Ces contingents de militaires sont mis à la disposition de l’ONU par les pays qui souhaitent participer aux opérations.

► Les débuts

Le 29 mai 1948, quinze jours après la création d’Israël et le début de la première guerre israélo-arabe, la première force de maintien de la paix de l’ONU est envoyée avec pour mission de surveiller la trêve. C’est une opération d’observation et de surveillance avec seulement quelques centaines de personnes. Les observateurs militaires de l’ONU sont alors non armés.

La première opération armée de maintien de la paix a également lieu au Proche-Orient. La première Force d’urgence des Nations unies (FUNU I) est déployée en 1956 pour répondre à la crise de Suez. Ce sont alors 6 000 hommes qui sont envoyés à la frontière entre Israël et l’Égypte, au niveau de Gaza.

► Des dizaines de missions

Depuis lors, l’ONU a déployé 79 opérations de maintien de la paix, dont 57 depuis 1988. Au fil des ans, des centaines de milliers de militaires et des dizaines de milliers de policiers et de civils ont participé à ces opérations sous l’égide de l’ONU.

Plus de 87 000 Casques bleus issus de 125 pays sont actuellement déployés sur 12 opérations de paix à travers le monde : Liban, Mali, République démocratique du Congo, Chypre, Inde et Pakistan, entre autres.

À l’occasion du soixante-quinzième anniversaire des Casques bleus, le secrétaire général adjoint des Nations unies, Jean-Pierre Lacroix, a vanté « la longue liste » de pays, en Afrique surtout, qui ont bénéficié du « million d’hommes et de femmes ayant servi sous le drapeau de l’ONU » depuis 1948.

► 4 200 soldats de la paix tués

Depuis la création de la Force de maintien de la paix, plus de 4 200 soldats ont été tués « pour la paix », rappelle le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. En 2022, 103 Casques bleus ont perdu la vie, notamment au Mali, en République démocratique du Congo et en Centrafrique.

En France, un mémorial en hommage aux soldats de la paix a été créé dans le cimetière communal de Mouzillon (Loire-Atlantique). Chaque année, en septembre, une cérémonie est organisée en mémoire des Casques bleus morts en mission.

► Un boom post-Guerre froide

Avec la fin de la guerre froide, le nombre de missions de maintien de la paix a rapidement augmenté. « Profitant d’un nouveau consensus sur l’importance de son rôle, le Conseil de sécurité a autorisé 20 nouvelles opérations entre 1989 et 1994, faisant passer le nombre de Casques bleus de 11 000 à 75 000 », expliquent les Nations unies sur leur site.

Par ailleurs, les missions se sont adaptées à l’évolution de la nature des conflits, davantage intra-étatiques, et à l’idée de contribuer à poser les bases d’une paix durable.

Les Casques bleus ont été amenés à entreprendre des tâches de plus en plus diverses : « contribuer à la mise en place d’institutions de gouvernance durables, surveiller le respect des droits de l’homme, aider à la réforme du secteur de la sécurité et faciliter le désarmement, la démobilisation et la réintégration des anciens combattants », détaille l’ONU. Aux militaires viennent désormais se joindre des administrateurs, des juristes, des observateurs électoraux ou encore des travailleurs humanitaires.

► Prix Nobel

Dès 1957, l’ex-diplomate canadien et ancien premier ministre Lester B. Pearson reçoit le prix Nobel de la paix. Il avait œuvré pour mettre sur pied en novembre 1956 une force d’urgence de maintien de la paix (FUNU) pour dénouer la crise de Suez, consacrant du coup la naissance des Casques bleus.

En 1988, ce sont les Casques bleus de l’ONU dans leur ensemble qui reçoivent le prix Nobel de la paix. Le comité Nobel norvégien avait souligné le rôle bénéfique des « forces de maintien de la paix des Nations Unies » qui permettent que l’ONU soit « aujourd’hui amenée à jouer un rôle central dans les affaires mondiales et se trouve investi d’une plus grande confiance ».



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