La région Auvergne-Rhône-Alpes décide d’une nouvelle vague de baisses de subventions culturelles


Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, à la gare de Lyon-Part-Dieu, le 12 décembre 2022.

Après une coupe de près de 4 millions d’euros en 2022, une nouvelle vague de baisses d’aides culturelles, pour un montant total d’environ 1 million d’euros, a été décidée par la majorité du conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes, présidée par Laurent Wauquiez (Les Républicains), à l’occasion d’une commission permanente de la collectivité qui s’est déroulée en visioconférence, dans la matinée du vendredi 12 mai.

L’exécutif régional justifie la diminution des subventions culturelles, menée depuis plus d’un an, par un rééquilibrage des territoires. En l’absence de M. Wauquiez, Stéphanie Pernod, première vice-présidente chargée de diriger la séance, a aussi avancé une autre raison : « Mon avis personnel : vous savez ce que c’est, le problème de la culture en France ? C’est qu’on accompagne beaucoup trop ces métiers. S’ils vivaient sur leurs entrées, nous aurions une certaine vérité populaire », a déclaré l’élue de l’Ain, selon des propos rapportés par plusieurs conseillers régionaux présents.

Pour l’opposition régionale, la confidence révèle l’état d’esprit qui présiderait, en réalité, aux choix de la majorité régionale. « Laurent Wauquiez présente la culture comme une forme d’élitisme, estime Jean-François Debat, maire (Parti socialiste) de Bourg-en-Bresse, et président du groupe socialiste au conseil régional. Il fait semblant de ne pas voir que les grandes institutions culturelles ont des liens avec leurs territoires et sont en réseau pour faire vivre nos petites structures. C’est du populisme pur. Il oppose les scènes nationales aux amateurs, cela n’a pas de sens, sauf à vouloir caricaturer le monde créatif et professionnel. »

Outre la suppression totale de la subvention de 149 000 euros au Théâtre nouvelle génération (TNG), Centre dramatique national de Lyon, en rétorsion aux critiques formulées par son directeur sur la politique régionale, la majorité de M. Wauquiez a diminué de 115 000 euros l’aide au Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape (Rhône) – passant de 195 000 à 80 000 euros entre 2022 et 2023 – et de 60 000 euros l’aide à La Comédie de Saint-Etienne (réduite à 203 000 euros). Les associations Grame, à Villeurbanne (Rhône), Eclat, à Aurillac, Secteur ouvert des arts de la rue, à Boulieu-lès-Annonay (Ardèche), la Compagnie Brozzoni d’Annecy subissent aussi des baisses de 5 000 à 75 000 euros.

Divergence de vues

Les critères d’attribution des subventions suscitent une profonde divergence de vues entre majorité et opposition régionales. Là où la gauche voit « un mode arbitraire » dans les choix de subventions, la droite régionale répond par une stratégie territoriale, tournée vers les secteurs ruraux. « Si la région a à cœur de soutenir les arts, la culture et les nombreux acteurs de ses riches filières, les subventions publiques ne sont pas automatiques. La région a souhaité, en octobre 2022, repenser sa politique de financement en la matière afin de soutenir des projets partout sur le territoire », a justifié la majorité régionale, dans un communiqué du 28 avril, en affirmant « sanctuariser son budget culturel », d’un montant annuel de 60,2 millions d’euros.

Il vous reste 39.65% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Lien des sources