la revanche d’un antihéros sauvé par l’amour canin


Douglas (Caleb Landry Jones), dans « DogMan », de Luc Besson.

L’AVIS DU « MONDE » – POURQUOI PAS

De retour du festival de Venise où son film était en compétition, Luc Besson, bon pied, bon œil, dévoile son nouveau film en France, quatre ans après Anna, dont le flop, après celui de Valérian (2017), fut cuisant. Rien ne semble toutefois pouvoir abattre l’ex-machiniste devenu capitaine d’industrie au destin balzacien, cultivant réussite exceptionnelle, réseaux politiques et œuvre philanthropique, montant au firmament des affaires et de la renommée internationale avant de chuter d’autant plus rudement ces dernières années, entre difficultés financières et procès. L’homme, blessé mais au cuir tanné, n’en continue pas moins de monter des projets, de tenir la barre et de rêver, comme au temps jadis, de faire main basse sur l’imaginaire contemporain.

DogMan nous parle, évidemment, de tout cela ; il ne nous parle, peut-être, que de cela. En voici le pitch, signé, veut-on croire, par le réalisateur : « L’incroyable histoire d’un enfant, meurtri par la vie, qui trouvera son salut grâce à l’amour que lui portent ses chiens. » Les temps difficiles favorisent le retour à soi : le motif de l’enfance blessée, et l’orgueilleuse revanche qui en découle, on le sait, est une des pierres de touche de l’imaginaire bessonien depuis Le Grand Bleu (1988). Il s’exprime ici dans une manière de quintessence monstrueuse. Besson, fils malheureux de parents séparés dans sa prime jeunesse, réalise ainsi DogMan comme Orson Welles Citizen Kane ou Steven Spielberg The Fabelmans.

Chef de meute

Il le fait à sa manière, dans un film d’anti-super-héros dont il semble qu’il aurait pu sortir de l’imagination d’un Tod Browning (La Monstrueuse Parade, 1932) ou d’un Walt Disney (Les 101 Dalmatiens, 1956). Douglas, étrange créature, en occupe le centre, de son adolescence martyrisée à son état chimérique d’adulte transformé en chef de meute. Au premier chapitre, un père éleveur de chiens de combat, psychopathe qui terrorise sa famille, finit par enfermer Douglas, enfant rétif, dans les cages à chiens. Adopté par la gent canine, qui lui rend son amour mieux que l’humanité, Douglas, voulant défendre ses compagnons, se fera tirer dessus à bout portant par son père et en perdra l’usage de ses jambes.

Le voici à l’état adulte, ignoré par une belle actrice dont il est amoureux, assumant son statut de monstre cloîtré dans une maison-chenil, rendu tel par la famille et la société. Infirme, il n’aime rien tant que de vivre avec ses chiens et de se travestir en femme pour se produire, la nuit, sur les scènes des cabarets. A l’occasion, il répare les injustices. Pour défendre une vieille femme, il se met ainsi à dos une bande de dealeurs qui terrorise le quartier, bêtes sauvages sur lesquelles il lâche ses chiens et dont la vengeance annoncera les ultimes développements du film.

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