la scène électro française, star des Jeux de Paris
Sport et musique ont été indissociables lors des Jeux olympiques et paralympiques de Paris. La cérémonie d’ouverture avait magnifié la grande chanson française avec Céline Dion interprétant L’Hymne à l’amour de Piaf, Aya Nakamura reprenant Aznavour, quand Axelle Saint-Cirel faisait vibrer La Marseillaise, jusqu’à Zaho de Sagazan chantant Sous le ciel de Paris ou le Lillois Lucky Love présentant son tube My Ability. Les voix avaient ainsi été mises à l’honneur. Place à présent à des compositions instrumentales pour conclure les festivités.
« Nos artistes font danser le monde »
La scène électro française, connue sous le nom de French touch, va se déployer en majesté au Stade de France dimanche 8 septembre, avec 24 DJ aux platines. « On a vécu de grands moments de sport, mais aussi de rassemblement et de fête. Nous avons envie que cet été de folie se termine de manière exceptionnelle », souhaite Tony Estanguet, président des Jeux de Paris 2024. « Paris a été une fête pendant deux mois, la fin des Jeux sera une fête menée par nos artistes qui font danser le monde », résume Thomas Jolly, concepteur des quatre cérémonies olympiques.
« La musique électro est née en France il y a cent ans quand Maurice Martenot a créé les premières ondes sonores. Il est parti d’un bip qui peut devenir polyphonique, orchestral… », explique Victor Le Masne, compositeur de Parade, l’hymne des Jeux dont il est le directeur musical. Il a conçu la cérémonie de clôture avec le producteur Romain Pissenem pour raconter l’histoire d’un art français qui s’exporte dans le monde entier. Mais qui doit encore gagner une plus grande reconnaissance artistique.
« L’électro, ce sont des morceaux de plus de dix minutes, instrumentaux, avec une composition qui s’apparente à celle du classique. Les premiers DJ étaient les musiciens Pierre Schaeffer et Pierre Henry », explique Jean-Michel Jarre, figure de proue de la scène électro depuis Oxygène en 1976. Le compositeur salue la mise à l’honneur d’une excellence tricolore : « En France, on travaille les mélodies et les textures musicales de manière impressionniste, par touches, et surréaliste, par expérimentation », souligne encore le père fondateur d’un courant musical plus connu que ceux qui le font vivre.
Si des DJ comme David Guetta et Laurent Garnier, ou le groupe mythique Daft Punk ont accédé à une immense notoriété, la plupart des acteurs de la French touch sont bien moins visibles que leurs succès. « L’électro, c’était une musique qui se cachait, une contre-culture. On composait dans nos chambres », racontent Dorian Lauduique et César de Rummel, deux Parisiens de 30 ans qui forment Ofenbach, groupe nommé en hommage à Jacques Offenbach. Aux côtés d’Aya Nakamura, ils sont le fer de lance des exportations de musique hexagonale : neuf tournées internationales ; plusieurs tubes mondiaux dont Be Mine et Overdrive ; plus de 4 milliards d’écoutes en ligne ; et l’album français le plus exporté en 2023 avec I (ONE), selon le Syndicat de l’édition phonographique (Snep).
« Mettre les corps en mouvement »
Les Ofenbach se réjouissent de célébrer l’inclusion en clôture des Paralympiques. « Nous, on fait danser des gens tous les soirs, on transperce les corps avec nos beats. La mission de notre musique n’est pas seulement de divertir, mais de mettre les corps en mouvement. Nous avons reçu récemment le témoignage d’une dame hospitalisée qui nous disait qu’elle écoutait tous les matins un de nos morceaux pour trouver le courage de se lever et d’affronter la journée. »
La fête olympique va réunir 24 DJ venus de tous horizons, comme la Franco-Camerounaise Tatyana Jane, aux beats énergiques et dansants, ou la compositrice Irène Drésel, formée au Conservatoire, César de la meilleure musique de film en 2023 pour À plein temps d’Éric Gravel. Certains sont connus, dont Étienne de Crécy ou Martin Solveig, d’autres se révéleront au grand public le 8 septembre.
Leur musique, très rythmée, un peu sportive et très festive, s’adapte aux compétitions. « Elle va nous ramener aux athlètes et au dépassement de nous-même », estime le DJ Agoria. « Participer aux Paralympiques permet d’avoir dans sa vie la chance de faire quelque chose de plus grand que soi », ajoute Miss Kittin. La compositrice s’engage dans un club hippique auprès de personnes handicapées : « Ces moments-là, ça me remet les pieds sur terre, c’est plus fort que d’être un artiste ! »
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Une cérémonie de clôture et de passation avec Los Angeles
Dimanche 8 septembreà 20 h 30, la cérémonie de clôture des jeux paralympiques de Paris débutera par un hommage aux athlètes paralympiques, dont 5 000 seront au Stade de France pour le défilé des drapeaux, les hymnes et les discours.
Les Jeux de Paris seront clôturés avec l’extinction de la vasque des Tuileries et une transition vers les Jeux paralympiques de Los Angeles.
Un concert électro terminera la soirée vers 22 h 30. En tout, 24 artistes, dont Jean-Michel Jarre, Ofenbach, Martin Solveig, Busy P, Cassius, Kungs, Polo&Pan, Nathalie Duchene, Irène Drésel, Tatyana Jane et The Avener prendront la scène.